Au moment où les crimes coloniaux commis en Algérie ne sont pas encore reconnus, leurs effets continuent de faire des victimes. Le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM), Mustapha Khiati, a indiqué que «l'Algérie continuera à pâtir des effets dévastateurs des essais nucléaires effectués par la France en Algérie. Ils persisteront encore pendant plusieurs décennies», a précisé M. Khiati, lors d'une conférence organisée par le Musée national du moudjahid à l'occasion de la commémoration de la Journée internationale contre les essais nucléaires (29 août). «L'utilisation par la France de matières chimiques telles que le plutonium dans ses essais nucléaires a provoqué plusieurs pathologies, notamment des cancers de la peau, chez les populations des régions touchées par ces explosions nucléaires barbares», a souligné M. Khiati, les qualifiant de «crimes contre l'humanité». Contacté hier, Me Farouk Ksentini, ex-président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), a considéré que «la France est à incriminer, au premier degré, pour ses essais nucléaires. Elle doit reconnaître toutes ses responsabilités quant aux crimes contre l'humanité, commis non seulement en Algérie, mais partout dans le monde». Il devait ajouter : «La France doit obéir aux lois et accepter l'application du droit international contre ses crimes». Notre interlocuteur ajoute : «Ce qu'il y a de plus horrible également, c'est que, jusqu'à présent, les autorités françaises évoquent les essais nucléaires effectués en dehors de leurs frontières comme étant des opérations à vocation scientifique, pas plus». Quant aux actions que doit entreprendre l'Algérie pour réclamer ses droits, M. Ksentini estime que «pour aboutir à des résultats concrets, les associations de protection des droits de l'homme algériennes doivent se réunir avec leurs homologues mondiales pour entreprendre une action de dépôt de plainte au niveau de l'Organisation des Nations unies». En deuxième lieu, ajoute l'avocat, il faudrait que l'Etat algérien règle le dossier des 42 000 Algériens morts et des milliers d'autres irradiés par les effets chimiques de ces essais, et ce, par le biais de démarches diplomatiques fermes avec l'Etat français. Et d'ajouter qu'il ne faut pas se contenter seulement «de reconnaissances verbales». Il est à rappeler que, le 13 février 1960, la France coloniale a procédé à un essai nucléaire de grande ampleur dans la région de Reggane (Sud algérien). 42.000 Algériens ont trouvé la mort et des milliers d'autres ont été irradiés dans 17 essais nucléaires effectués par la France entre 1960 et 1966. Les effets de ces essais continuent à impacter les populations qui habitent à Reggane et ses environs sans que la France daigne reconnaître sa responsabilité ni indemniser les personnes contaminées. Seuls des vétérans de Polynésie française ont été indemnisés. Sur le plan international, l'occasion de la Journée internationale contre les essais nucléaires a été marquée par la déclaration du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. «Le 29 août est pour nous l'occasion d'honorer les victimes du passé, et de rappeler au monde que ces essais font toujours peser une menace sur l'environnement et la stabilité internationale», a déclaré le secrétaire général de l'ONU dans son message publié à l'occasion de la journée. D'autre part, le parti indépendantiste polynésien, dit «Tavani Huiraatira», va porter plainte contre l'Etat français pour crime contre l'humanité, pour ses essais nucléaires dans l'archipel polynésien. «Le parti indépendantiste va déposer plainte contre l'Etat français devant la Cour pénale internationale de La Haye et devant l'Organisation des Nations unies», a déclaré à la presse polynésienne, M. Richard Tuheiava, membre du Tavani Huiraatira.