La polémique sur le rôle de l'Armée nationale populaire, dans le débat politique enfle. Noureddine Boukrouh répond à l'ANP suite à sa qualification implicite, de «plume mercenaire», dans l'éditorial de la revue El Djeich. «Je refuse vos menaces et vos intimidations» telle est l'intitulé de la lettre de Boukrouh postée jeudi sur sa page Facebook. Dans cette missive, Boukrouh réfute avoir appelé l'Armée à mener un coup d'Etat pour destituer le Président Bouteflika, ou bien de s'être attaqué à l'ANP. «Je n'ai pas attaqué l'ANP, je ne lui ai pas manqué de respect, je ne lui ai pas demandé de faire un coup d'Etat contrairement à ce que vous sous-entendez» indique-t-il, avant d'ajouter : «Je ne commettrai jamais aucun de ces actes non, par peur de vos menaces, mais par conviction profonde». Boukrouh estime qu'il ne veut pas avoir de déboires avec l'ANP, comme c'était dans le passé, suite à ses attaques contre «les généraux qui salissaient» la scène politique. Boukrouh a, par la suite, rappelé qu'il a été reçu au niveau du ministère de la Défense, dans les années 90, pour concertation sur la situation nationale. Estimant qu'aucun ministère de la Défense au monde «n'a rédigé un éditorial sous-tendu par des menaces à peine voilées contre un citoyen», il indique qu'il ne s'agit pas là, d'un «(…) mode opératoire d'un Etat de droit». Présenté comme un «mercenaire qui a vendu son âme au diable en mettant sa plume au service d'intérêts revanchards», par l'édito de cette revue, l'ex-ministre souligne que «ma plume était très prisée du président de la République, commandant suprême des forces armées, pour qui elle a rédigé un grand nombre de discours officiels qu'il était fier de déclamer sous les ovations dans le pays et à l'étranger». Pour lui, un vrai intellectuel et homme politique, comme il se le revendique, doit être imprégné de tous les domaines et spécialités, «depuis la charia à l'histoire en passant par l'économie, l'astronomie et autres sciences et domaines de connaissance». Dans une tentative d'atténuer la tension avec l'ANP, Boukrouh s'adresse à l'éditorialiste : «vous n'êtes pas l'ANP, mais seulement ses employés. (…) Vous êtes encore quelques-uns à prendre la liberté de pensée et d'expression pour une atteinte à l'intégrité de l'ANP ou de la haute trahison». Poursuivant, «cette institution n'est pas votre bien, mais celui de la nation qui n'a pas placé la force entre vos mains pour que vous la retourniez contre elle, contre les citoyens qui dénoncent le mal et les atteintes à l'intérêt national». Mercredi dernier, l'Armée et dans sa revue officielle indiqué que «les réalisations de notre armée et les résultats obtenus sur le terrain ont poussé certaines plumes mercenaires à s'ériger en défenseurs du peuple, ces mêmes plumes qui, dans un passé récent, l'affublaient encore de qualificatifs méprisants et dégradants», écrit El Djeich. «(…) Constatant leur échec et devant l'incapacité de leur pensée à capter l'intérêt du public, elles ont cru bon de s'attaquer à l'ANP (…)» ajoute-t-on. Avant de conclure, à tous ceux qui en secret, ouvertement ou implicitement, réclament l'intervention de l'armée nous rappelons les propos du Vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, lors de sa dernière visite en 2e et 5e régions militaires : «Notre Armée demeurera une armée républicaine, engagée à défendre la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale et à préserver l'indépendance du pays. Une armée qui ne se départira pas de ses missions constitutionnelles quelles qu'en soient les conditions et circonstances. Point à la ligne».