Dans cet US Open complètement fou, où les têtes de série sont tombées comme des mouches, Rafael Nadal a su conserver la sienne. Le numéro un mondial et tête de série numéro un est bien au rendez-vous de la finale. Redevenu le roi de la terre en s'imposant à Roland-Garros en juin dernier pour une historique decima, l'ogre de Manacor peut confirmer son statut de roi du monde, en s'imposant ce dimanche, lui, qui n'a plus gagné le moindre Grand Chelem ou Masters 1000 sur dur… depuis l'US Open 2013. Le Majorquin s'était qualifié dans le dernier carré sans avoir affronté le moindre top 50. Après un début de tournoi un peu laborieux, Nadal est monté en puissance (victoires express contre Dolgolopolov et Rublev). Il a ensuite parfaitement négocié le test Juan Martin del Potro, maté en demi-finales en quatre manches (4-6, 6-0, 6-3, 6-2). En véritable rouleau compresseur, l'Espagnol a levé les derniers doutes sur sa forme actuelle. Depuis sa fameuse decima à Roland-Garros, il s'était contenté d'un 8e de finale de Wimbledon, d'un 8e à Montréal et d'un quart à Cincinnati. Pas un rythme de numéro un mondial assurément. Trois ans et deux mois après, Nadal avait retrouvé le lundi 21 août pour la quatrième fois de sa carrière le sommet du classement ATP, grâce, à son exceptionnelle saison sur terre-battue (victoires à Monte-Carlo, Barcelone, Madrid et Roland-Garros) et son très bon premier trimestre sur dur (finaliste à l'Open d'Australie, Acapulco et Miami). Un retour au sommet, également facilité par la faillite du duo Murray-Djokovic, fantomatique en 2017, après avoir survolé l'année 2016. Vainqueur à Flushing Meadows à deux reprises, en 2010 et 2013, Nadal n'avait pas atteint le moindre quart de finale en Grand Chelem la saison dernière. Une première pour lui depuis 2004. Changement de décor en 2017. Rafael Nadal a le même âge que son adversaire en finale Kevin Anderson : 31 ans. Pas le même palmarès, évidemment. Il y a 19 ans, en 1998, l'Espagnol et le Sud-Africain s'affrontaient en finale d'un tournoi réservé aux moins de 12 ans à Stuttgart. Ils ont depuis connu des trajectoires bien différentes. Alors que le Sud-Africain dispute sa première finale dans un Grand Chelem, Nadal s'apprête à jouer sa troisième finale en Grand Chelem de l'année, après Melbourne et Roland-Garros et la 23e de sa carrière. C'est peu dire qu'il se présente en grand favori face à un adversaire qu'il a dominé à quatre reprises en quatre confrontations. Anderson ne cache pas son admiration : «C'est l'un des plus grands champions tous sports confondus, c'est un guerrier fantastique. Il faudra surtout l'empêcher de prendre le contrôle du court, sinon, cela deviendra très difficile». Nadal, égal à lui-même, fait profil bas : «Kevin joue très bien, avec beaucoup de confiance et d'agressivité, il faudra tenter de le perturber avec des variations de rythme». Mine de rien, avec un 16e sacre dans un Majeur, le Majorquin se rapprocherait de son éternel rival Roger Federer (19) et validerait pour de bon son retour au sommet. Il offrirait au passage un beau cadeau de départ à son oncle Toni qui va diriger son neveu pour la dernière fois en Grand Chelem avant de se consacrer pleinement à leur académie à Majorque.