Les habitants de la perle du Tassili N'Ajjer, Djanet, et les nombreux touristes venus des autres villes d'Algérie et de l'étranger, ont vibré dimanche aux rythmes et airs de l'ouverture de la fête ancestrale de «sbeïba», dans une ambiance riche en couleurs et sonorités, à travers des danses et chants puisés du patrimoine immatériel séculaire de la région. La grande esplanade de la ville de Djanet, où se déroule chaque année cette fête locale, a constitué, depuis les premières heures de la journée, le point de convergence des nombreux visiteurs et participants représentant les deux ksour voisins et rivaux d'EL-Mihane et de Zelouaz, parés dans leurs plus beaux costumes traditionnels, aussi bien les femmes que les hommes, et arborant pour les uns des épées et pour les autres des instruments de musique traditionnelle, dont le «ganga», une des pièces importantes pour donner la cadence. La «sbeïba» constitue un grand évènement, eu égard à l'importance qu'elle revêt chez les populations du Tassili N'Ajjer en général, et celle de Djanet en particulier. Cette occasion, coïncidant avec la fête religieuse d'Achoura (10e jour de Moharrem, premier mois du calendrier hégirien), plus connu localement sous le nom de «Tilliline», offre un espace de rencontre entre les habitants des deux ksour au niveau de la placette Doughia, qui sépare le sud de Djanet (ksar de Zelouaz) et son flanc nord (celui d'El-Mihane). Les esplanades jouxtant les deux ksour concernés par cette fête locale ont enregistré depuis le début du mois hégirien de Moharrem d'intenses préparatifs pour ce grand jour «Tilliline», en plus de la mobilisation de divers moyens et instruments, à l'instar de «takembout» et «ganga». «Sbeïba» donne ainsi lieu à deux phases de concurrence entre les habitants de Zelouaz et d'El-Mihane, dont la première, durant la matinée, est dédiée au rituel défilé des costumes traditionnels de l'homme targui, sous des airs de chants et de poésie. La seconde période, tenue l'après-midi, constitue le fait saillant de la «sbeïba», car elle donne lieu, après la prière d'El-Asr, à une exhibition avec des épées, formant un cercle «aghay N'Wataya (bouclage de l'an), annonçant la clôture de cette fête pour céder place à la remise symbolique du prix du vainqueur de cette édition. Cette fête, classée patrimoine universel en 2014 par l'UNESCO, incarne une importante signification dans le resserrement des rangs de la société, et constitue un lieu de rencontre et de communication pour les populations de la région et des zones limitrophes.