A l'abord convivial, affable et d'une grande humilité, Simon Dupuis bédéiste venu du pays de l'érable a animé un atelier sur l'environnement intitulé «L'arbre idyllique» lors de cette dixième édition du Festival international de la bande dessinée d'Alger (FIBDA). Passionné par la bande dessinée depuis sa plus tendre enfance, il en a fait son métier comme un sacerdoce. Actuellement professeur de Web avec des clients au Canada et aux USA, il est également illustrateur pour le magazine Vitalité économique et pour des contes relatifs à la jeunesse. Très jeune, ses rencontres avec de grandes pointures de la bande dessinée, notamment Greg et Turk, et De Groot lui ont fait entrevoir un monde magique qui la boosté dans le domaine du 9e art. Dans cet entretien, il évoque avec engouement la bande dessinée à travers le monde. Le Temps d'Algérie : Que pensez-vous de ce 10e anniversaire du FIBDA ? Simon Dupuis : Il y a une évolution et on remarque plus de jeunes qui participent en se manifestant par le manga et le cosplay mais on arrive à les attraper au vol avec autre chose. C'est la troisième fois que je participe à cette manifestation et la seconde fois que je fais des ateliers mais il y a un problème de timing. Votre avis sur l'atelier inhérent à l'environnement... On a reçu du monde pour l'atelier sur l'environnement. Faire une BD, c'est raconter une histoire, un texte et une image. Mais les jeunes sont attirés par le dessin. Ce matin, j'ai dessiné avec eux en me basant sur leurs idées sur la thématique de l'environnement. Cinq jeunes filles ont insisté sur l'utilisation des vélos à Alger en préconisant des pistes cyclables au regard de l'engorgement des routes. Chacun a des forces et des aptitudes. La bande dessinée algérienne a-t-elle un niveau appréciable ? Les jeunes ont une certaine force technique mais il faut développer des procédés de narration et d'histoire. Ils sont bloqués par leur personnage. Les nouveaux bédéistes sont influencés par ce qui se voit sur le Net et ce phénomène se retrouve au Canada. C'est l'image qui prime. Ces jeunes sont à l'air de la vidéo et ils communiquent par l'image et les mots abrégés, alors que les anciens bédéistes algériens étaient plus près de l'écriture et étaient dans une imagination plus fertile. Ces jeunes sont bombardés ou enchaînés par des contenus d'Internet. Certes, il y a une évolution différente de notre génération. Qu'elle est votre appréciation sur la bande dessinée canadienne ? La bande dessinée canadienne a eu un essor depuis les dernières décennies et actuellement, c'est la planète toute entière qui surveille nos productions car on a réussi à émerger dans le domaine. On à des BD de grande qualité qui gagnent des prix internationaux. Il y a une série appelée Nombril qui est publiée dans Spirou et qui est un des grands succès de ce magazine à l'heure actuelle. Cette BD est créée par deux Québécois, Marc Delafontaine et Maryse Dubuc. Michel Rabaguatti a eu un énorme succès avec son album Paul en six volumes. Cette série dépeint le contexte populaire et la vie des Québécois depuis les années 1960. Pensez-vous que l'influence du manga a fait beaucoup d'émules en Algérie et de par le monde ? En Algérie, les jeunes sont de bons illustrateurs mais pas de créateurs de scénarii. Ils ont besoin d'être guidés car ils sont tournés vers l'Asie. Cet état de fait se retrouve également au Canada. Tous les jeunes du monde sont influencés par la bande dessinée japonaise que l'on quantifie par 30% des ventes de mangas sur le marché européen. Peut-on connaître vos projets ? Actuellement, je travaille sur une BD qui traite du milieu pharmaceutique. Celle ci nous révèle tous les processus pour développer de nouveaux médicaments. C'est une incursion dans la recherche scientifique et non pour la vente. Ce sujet n'a pas été abordé en BD. Je fais l'illustration et parallèlement, je travaille sur des story-boards publicitaires.