L' équipe d'Algérie de football était engagée, hier en fin d'après-midi, dans un combat sans enjeu. Eliminée de la Coupe du monde, dont la Russie accueillera la phase finale au début de l'été 2018, elle jouait, pour ainsi dire, «pour du beurre». Pour rien. Incroyable destin que celui de cette sélection qui avait fait frémir les chaumières algériennes durant l'été 2014 lorsqu'elle était allée au Brésil obtenir le droit de disputer, pour la première fois de son histoire, un huitième de finale d'un Mondial. Alors que l'on pensait qu'elle était partie pour régner sans partage sur le football africain, elle est vite retombée dans les errements à cause desquels elle avait presque atteint le fond entre 2000 et 2010. C'est qu'on a une certaine tendance à oublier que cette équipe nationale est vraiment revenue de loin. Souvenons-nous qu'en 2007, elle était éliminée de tout et qu'elle se faisait battre, même chez elle, par n'importe quelle sélection du continent. C'est à partir de 2007 et sous la direction de Rabah Saâdane comme entraîneur, qu'elle avait commencé sa lente reconstruction qui a abouti au palmarès qu'elle s'est forgé avec une qualification aux Coupes du monde de 2010 et de 2014. Elle avait, en cela, imité la glorieuse équipe des années 1980, celle qui avait enchanté et enthousiasmé les foules avec une double participation aux Mondiaux de 1982 et de 1986. Cette dernière, composée de joueurs immensément talentueux, n'avait pas pu être remplacée par une sélection performante, parce que l'erreur avait été de croire qu'on pouvait monter une équipe nationale sans se soucier du renouvellement de l'élite. Les grands joueurs partis, à cause de leur âge avancé, on s'était retrouvés avec une sélection sans âme, traînant sa peine aux quatre coins du continent jusqu'à se faire oublier de la Coupe d'Afrique des nations. Ce scénario semble se reproduire, aujourd'hui, avec une équipe nationale clairement à bout de souffle au point d'être éliminée du Mondial à deux encablures de la fin de la phase de qualification. Dans un tel cas de figure, il est habituel de se tourner vers l'entraîneur national. Il n'est nul besoin de chercher ailleurs le fusible. Il est tout trouvé. Mais, une fois de plus, on se trompe de cible parce qu'en fait, le problème n'est pas dans le choix d'un coach national mais bien dans celui de notre incapacité à renouveler l'élite capable de permettre à cette sélection de conserver sa place parmi les plus performantes du continent. Quand on cherche ce qui se cache derrière cette équipe représentative, on ne trouve rien. Un désert. Aucune des autres sélections algériennes n'est en mesure de proposer une copie bien écrite. Toutes les équipes de jeunes ne sont appelées qu'à faire de la figuration dans les différentes compétitions dans lesquelles elles sont engagées. Sachant que l'équipe senior est en majorité composée de joueurs expatriés, on se dit que le football algérien n'a pas beaucoup de fierté à étaler son œuvre. L'échec de la Coupe du monde 2018 n'est qu'une suite logique aux tâtonnements de ce sport, d'autant comme l'a si bien dit le coach du Nigeria, Gernot Rohr, «l'équipe d'Algérie a souffert, en plus, de l'instabilité de son staff technique». L'équipe nationale s'est améliorée durant la dernière décennie mais les erreurs ont persisté dans le quotidien du sport le plus populaire du pays. Ce sont elles qu'on a du mal à corriger et qui font qu'on continuera à tourner en rond. Sans une réelle prise en charge du volet de la formation, ce scénario restera d'actualité au grand dam de ces supporters avides de voir leurs Verts constamment au sommet du football africain.