Trop, c'est trop. Cette fois-ci, le Premier ministre portugais, Jose Socrates, ne passera pas l'éponge. Le Parlement de Lisbonne n'est pas un «cirque» où les singeries sont permises. Pour avoir répondu à un député communiste en mettant ses deux index sur la tête, pour évoquer les «cornes du cocu», le ministre portugais de l'Economie a été sommé de faire ses cartons. Il n'était pas à sa première moquerie. Ses chances d'être repêché fondent comme neige au soleil. Qu'il ne compte pas sur son chef du gouvernement pour être reconduit dans les prochains mois. A Bruxelles, pour beaucoup moins que cela, les reconductions ne sont plus systématiques. Alors qu'il espérait être reconfirmé dans son poste de président de la Commission européenne dès ce mois de juillet, le Portugais José Manuel Barroso devra remettre ses «certitudes» à plus tard. Au nom de l'indépendance du Parlement européen et prenant acte des réticences des eurodéputés quant à prendre une décision hâtive, la présidence suédoise a annoncé que le «cas Barroso» ne sera pas traité à la date souhaitée par l'intéressé. Cependant, l'été ne devait pas être si pourri pour le candidat à sa propre succession. Lors du dernier Conseil de l'Europe, chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-sept ont été unanimes à «bénir» José Manuel Barroso. Ce n'est donc qu'une histoire de temps. La patience doit être de mise, une éventuelle opposition entre les deux grandes institutions, que sont le Conseil et le Parlement européens, à ce propos risque de gâter d'entrée la présidence suédoise de L'UE. Celle-ci a trop à faire en ce moment pour s'encombrer de pareilles querelles. Tous les sujets qui fâchent doivent être mis en sourdine, la construction de l'Europe politique doit éviter les crises qui bloquent. Pour ne plus avancer sur le dos d'un escargot, le Premier ministre suédois, Frederik Reinfeldt, et le président Nicolas Sarkozy ont montré la marche à suivre. Lors d'un déjeuner de travail, les deux hommes ont préféré parler de défense de l'environnement, de renforcement de la régulation face à la crise, que de l'élargissement de l'Union à la Turquie. Le faux pas à ne pas commettre et le désaccord à ignorer explicitement, les Vingt-sept doivent s'affirmer en bloc uni quand il faut convoquer les ambassadeurs iraniens ou quand il faut rappeler l'ensemble des représentants diplomatiques européens en poste au Honduras. Javier Solana ne peut être qu'un peu plus fier de cette voix européenne, unie à l'étranger. En attendant qu'elle le devienne en interne, au sein même de l'UE, beaucoup doivent mettre leur «souverainisme» en sourdine. A l'image de Nicolas Sarkozy qui, tout comme son épouse Carla, est ravi de revenir l'an prochain à Stockholm, en visite d'Etat ? Aussi, l'Europe de demain se construit au fil des amitiés fortes qui naissent.