Madrid ne sera plus seule, le camp socialiste du sud de l'Europe s'est agrandi avec la victoire des socialistes en Grèce. Le résultat est un peu mieux que celui en demi-teinte des socialistes portugais réélus par défaut contre une droite xénophobe. La Grèce dément l'analyse selon laquelle l'Europe aurait trouvé son compte dans l'ultraconservatisme. Les sondages lui prédisaient une victoire plutôt par défaut face à un rival conservateur rejeté par l'électorat, mais le dirigeant socialiste grec Georges Papandréou s'est offert un triomphe. Avec une confortable majorité de 160 sièges sur 300 au Parlement, son parti, le Pasok, aura les coudées franches pour gouverner. Perdant le pouvoir, les conservateurs de la Nouvelle-Démocratie enregistrent leur pire score depuis la création du parti en 1974, 93 députés. Ils vont se chercher un nouveau chef, lors d'un congrès extraordinaire dans un mois. Le Premier ministre sortant, Costas Caramanlis a annoncé son départ de la présidence du parti, qu'il dirigeait depuis 1997 et avait mené à la victoire en 2004 en mettant fin à 20 ans de pouvoir socialiste quasi continu. Papandréou promet lui de lutter contre la corruption et le gaspillage, annonçant aux grecs que rien ne sera facile. Mais pourra-t-il réformer son pays ? Beaucoup d'analystes en doutent avançant qu'en Grèce, l'alternative gauche droite n'est pas très significative dès lors que leurs têtes d'affiche sont issues de véritables dynasties politiques. Le vainqueur de dimanche est d'une famille qui a déjà donné deux Premiers ministres au pays, dont son père et fondateur du Pasok, Andréas. C'est la même chose pour Caramanlis. Papandréou sait cependant qu'il ne pourra compter sur aucun état de grâce, alors que tous les indicateurs économiques sont au rouge. Le déficit public est estimé à plus de 6% du PIB, la dette doit dépasser 100% à la fin de l'année, et Bruxelles s'impatiente, réclamant que les réformes de fond, en particulier des retraites, ne soient pas encore une fois ajournées. Caramanlis attend son heure. Les pairs socialistes portugais des grecs sont dans une situation plus étroite. Le Parti socialiste du Premier ministre José Socrates a remporté mais il a perdu sa majorité absolue au Parlement. Alors qu'il détenait la majorité absolue, Socrates est contraint de constituer un gouvernement de coalition. Les socialistes se retrouvent dans le même piège qu'en 2005 où ils ne pouvaient pas assainir les finances publiques et réformer le régime des retraites du secteur public faute de soutien de leurs alliés du Bloc de gauche, partenaire naturel du PS sur les questions sociales, mais opposé à une politique économique jugée trop libérale. Socrates pense rebondir avec une série de grands projets (liaison TGV avec l'Espagne, nouvel aéroport à Lisbonne), pour relancer l'emploi et la croissance économique alors que cette année, on s'attend à une contraction de l'économie pouvant atteindre quatre pour cent. Durement frappé par la crise, le Portugal a vu sa dette publique augmenter fortement, et le taux de chômage est à son plus haut niveau depuis les années 1980. Les socialistes réélus sont de fait en sursis.