Les fêtes de mariage en Kabylie semblent avoir tout perdu de l'organisation d'antan. Si par le passé, les cérémonies étaient organisées suivant la tradition, les choses ont bien changé depuis quelques années. de nombreux phénomènes nouveaux ont fait leur apparition, donnant un coup sérieux aux traditions ancestrales. Ces phénomènes interviennent à plusieurs niveaux. De plus en plus de gens préfèrent se rabattre sur les salles des fêtes pour organiser les cérémonies, traditionnellement organisées dans les demeures familiales, dans un climat de convivialité qui ne peut être décrit. Ces salles ont tout changé. Pis, elles ont poussé comme des champignons au fil des années, à telle enseigne qu'on les trouve même dans les villages. Un grand nombre d'entre elles ne répondent même pas aux normes requises en la matière, notamment confort et sécurité. C'est pourquoi d'ailleurs l'année dernière, plusieurs salles ont été fermées pour inadéquation aux normes. En plus, les prix pratiqués par les gérants défient tout entendement. Le coût d'une fête organisée dans l'une de ces salles est quasiment le double de celui qu'aurait à dépenser le futur mari, si cette dernière était organisée dans la demeure familiale. Les prix pratiqués n'obéissent à aucune norme en la matière. Ce sont les gérants qui déterminent les prix avec une sorte de consensus entre eux. Puis pour se la réserver, il faut s'inscrire plusieurs semaines à l'avance. Ces nouvelles mœurs ont créé une sorte de conflit entre l' ancienne génération – nos pères et grands-pères – et les nouvelle. C'est un véritable problème de société. A plusieurs reprises, nous avons vu des parents refuser d'assister au mariage de leurs enfants à cause de cela. L'autre phénomène qui a fait son apparition, c'est sans conteste le DJ qui a supplanté les traditionnelles troupes d'idhebbalen. Le DJ est un phénomène qui a fait la joie de ce qui est communément appelé les «chanteurs cigales» qui après une hibernation qui dure de l'automne jusqu'au début de l'été inondent le marché avec des produits «prêts à consommer». Ils se font la part belle en matière de vente bien que leur produit, comme s'accorde à dire les spécialistes du domaine, ne résiste pas à l'usure du temps. Tout en défiant les règles commerciales et le domaine de la publicité, ces chanteurs occasionnels ont pourtant trouvé la parade pour se faire connaître. A chaque sortie d'un produit, ce sont les murs de la ville et des villages qui changent de décors. Des centaines, voire des milliers d'affiches sont collées un peu partout par des jeunes à qui l'on donne un sou. Aussi, les véhicules de transport des voyageurs constituent «l'espace idéal» pour se faire connaître.
«Pollution» sonore nocturne Le phénomène des DJ même s'il revient moins cher n'a pas que du bon. Les didjistes comme on les appelle provoquent généralement l'ire de plusieurs personnes. Imaginez un seul instant que le temps d'animation dure – cela se passe dans les villages, car en ville la chose est réglementée – jusqu'au petit matin. Il se trouve que dans la plupart des cas, le son émis par ces «machines infernales» empêchent les gens de dormir à des kilomètres à la ronde. C'est une torture sonore à laquelle les gens sont soumis. Les week-ends sont devenus des cauchemars. Les animateurs n'obéissent à aucune règle. C'est pourquoi, aujourd'hui, nombreux sont ceux qui espèrent que ce sera réglementé à défaut d'être interdit. «Le week-end est pour moi une torture. Cette torture émane de ces DJ qui nous empoisonnent nos nuits déjà trop chaudes. Quand j'ai la possibilité d'aller ailleurs durant le week-end, je n'hésite pas l'ombre d'un instant pour échapper justement à cette torture morale et physique à la fois», nous dira avec dépit un homme d'un certain âge questionnée à cet effet. Cette situation est propre à toutes les communes de la wilaya. Aucune région ne se distingue de l'autre et le phénomène des DJ s'est installé confortablement dans les nouvelles mœurs. Des personnes plus prévoyantes estiment pour leur part que ce phénomène disparaîtra dans quelques années.