En voulant éblouir des résidents, il reçoit une raclée à l'intérieur des pièces du domicile visité...Depuis un certain temps, les Algérois reçoivent chez eux des jeunes élégamment vêtus qui leur proposent de la marchandise et ils peuvent recevoir un cadeau surprise seulement en cas d'achat. Liès A., le représentant commercial, n'est pas prêt d'oublier sa visite dans une villa nichée sur les hauteurs d'Alger. Et pour le savoir et savourer cette drôle d'histoire, suivez goulûment ces modestes lignes. Maître Med Bouaïchaoui a eu, au cours de sa déjà longue carrière, à défendre de pauvres bougres. Mardi, son client sort du commun des inculpés, coups et blessures volontaires appuyés d'un petit certificat médical de quatre jours d'incapacité : voilà l'inculpation. Les victimes, une ado de 23 ans et sa mère sont absentes. Depuis leur audition devant les éléments de la PJ du coin qui n'ont pas retenu la violation de domicile car les deux femmes ont ouvert la porte de la villa et ont invité le représentant commercial, elles ont rabattu leurs langues et ne se sont plus représentées devant madame la présidente du pénal de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger). Au cours de sa plaidoirie, l'élégant défenseur n'ayant pas d'adversaires et enhardi par les clémentes demandes de la procureur – l'application de la loi – en l'occurrence, a joué tout seul sur le tapis judiciaire. Il a poussé la hardiesse jusqu'à arracher un sourire à madame la présidente austère à chaque audience. L'avocat a repris les faits car il avait remarqué que l'assistance voulait en savoir un peu plus. Il est vrai que Liès, le jeune parvenu, avait arrêté sa version lorsqu'il a raconté comment la jeune fille l'a poursuivi à travers le jardin en exigeant qu'il leur montrât le cadeau surprise. Monsieur le président, c'est un cadeau qui porte son nom, poursuit le défenseur qui s'étala surtout sur l'insistance des deux femmes qui criaient franchement : «Montre ce cadeau. Montre-le tout de suite. Nous voulons le voir et tu ne quitteras pas la villa avant de montrer ce cadeau», a récité le défenseur qui a demandé au juge d'apporter sa touche car la justice doit être nette. «Mon client n'a agressé personne. Il a eu un geste pour se défendre, la fille est tombée et elle n'a pas vu le cadeau». La présidente met le verdict en examen avant de relaxer le pauvre bougre qui n'avait jamais violé le domicile où les habitants s'étaient enhardis à une invitation juste pour recevoir un cadeau !