Le président de l'USMA a bien voulu nous faire le point sur l'intersaison avant le départ de son équipe pour le stage de Lisses. Peut-on dire que la saison qui vient de s'achever a été plutôt une saison de transition pour l'USMA ? Je pense que la transition a commencé chez nous depuis déjà deux saisons. Cela fait deux saisons que nous avons commencé à préparer une nouvelle équipe. C'est vrai que nous avons eu une équipe qui a tout gagné pendant plus d'une décennie et qui a durant cette période dominé le football national. Puis nous avions un effectif où six à sept joueurs dépassaient la trentaine et il fallait absolument donc commencer à injecter du sang nouveau au sein de cet effectif, ce qui nous a amenés à mettre dans le bain des jeunes qui ont confirmé tout le bien qu'on pensait d'eux. Je dirai aussi que la saison écoulée a été très difficile pour le club. Lorsque vous ne gagnez pas de titre pendant deux années consécutives, vous ressentez les effets y compris sur le plan financier. Et en plus, nous n'avons pas été épargnés par le sort avec les blessures car depuis que je suis président, c'est bien la première fois où nous avons eu cinq joueurs victimes de fractures : trois en équipe seniors et deux dans les catégories de jeunes, ce qui n'est jamais arrivé avant. C'est donc un enchaînement de difficultés que nous avons subi. Malgré tous ces aléas, nous avons terminé parmi les cinq, six premiers et même si on avait l'habitude de faire mieux que ça on peut dire que ce n'est pas une catastrophe. Sans faire trop de bruit durant cette intersaison, on peut dire que l'USMA a réalisé l'un des meilleurs recrutements ? Je n'irai pas jusqu'à dire que nous avons réalisé l'un des meilleurs recrutements mais je me contenterai de dire que nous avons fait un recrutement intelligent. On n'a pas recruté ce que l'on appelle des vedettes car on a fait une évaluation préalable sur le marché et on s'est rendu compte que dans notre championnat, il y avait huit à dix joueurs en mesure de jouer dans les grands clubs et nous, il nous en fallait six pour satisfaire nos besoins, mais ces six joueurs là ont fait de la surenchère par le biais de leurs managers, ce qui fait que avions un marché trop élevé avec trop de surenchères et trop d'intermédiaires. Donc beaucoup de clubs n'ont pas pu suivre. Et où pensez-vous qu'on va aller à ce rythme-là ? Si on continue comme ça, avec cet argent au noir et en dehors d'un cadre organisé, dans deux ans, je vous l'assure, il n'y aura plus que deux clubs dans notre football. Pensez-vous que les joueurs actuels méritent vraiment des montants comme ceux-là ? Il y a des joueurs qui méritent une bonne prime de signature mais d'autres ne le méritent pas du tout. Et à ce propos, je peux vous dire que la presse joue un mauvais rôle. Il y a quelquefois des journalistes qui font grimper la valeur d'un joueur par affinités et faussent toutes les données. Vous retrouvez alors des joueurs moyens qui coûtent des centaines de millions. Moi je pose aujourd'hui une question, mais d'où vient cet argent ? d'où viennent toutes ces liquidités qui circulent dans notre football ? Vous pensez donc que la fédération devrait mettre le holà à cette situation ? Oui je pense qu'il faut une implication urgente de la fédération, comme cela se fait dans tous les pays du monde avec la DNCG (Direction nationale de contrôle de gestion, ndlr) qui exercera le rôle de contrôle qui régulera cette situation. Et puis, il y a aussi une situation injuste sur le plan fiscal. Par exemple, dans la wilaya d'Alger, tous les clubs sont soumis à la fiscalité alors que dans d'autres wilayas on n'en parle pas du tout, ce qui fait qu'il y a des clubs qui sont avantagés par rapport à d'autres. L'USMA a été redressée trois ou quatre fois sur le plan fiscal alors que d'autres clubs ne sont pas du tout concerné, je pose alors la question suivante, est-ce qu'il y a deux lois de finances différentes dans ce pays ? Vous avez aussi des walis qui convoquent des industriels dans certaines régions pour leur demander d'aider les clubs, c'est une excellente chose, mais à condition que cela soit de mise dans toutes les wilayas pour ne pas créer de déséquilibre. Je pense qu'il est utile de créer un fonds national pour le football avec une répartition équitable et qui serait géré, pourquoi pas, par la fédération et puis, s'il y a une fiscalité, il faut qu'elle touche tous les clubs sans exception. Vous avez réussi à mettre un terme au feuilleton Achiou en le convaincant de signer à l'USMA. Comment cela s'est-il fait ? Je crois d'abord que Hocine n'aurait jamais dû quitter l'USMA. Il y a eu au départ un malentendu entre Achiou et la direction de l'USMA. Et Hocine, à un moment donné, a été mal conseillé. Il avait pris une décision de manière précipitée, probablement sans réfléchir, il a été faire un passage très court à la JSK qui lui a permis quand même, il faut le reconnaître, de reprendre confiance en ses moyens. Puis il a vu que l'USMA n'est pas un club qui se remplace aussi facilement, quelle que soit la grandeur des autres clubs. Quand je suis arrivé à l'USMA, Hocine Achiou avait onze ans, donc je l'ai vu grandir comme mon fils et je savais que tôt ou tard il reviendra à l'USMA, donc il est venu présenter ses excuses et nous avons tourné la page. Les portes de l'USMA lui étaient dès lors grandes ouvertes. C'est vrai qu'il a été très sollicité par plusieurs grands clubs mais il a choisi le club de son cœur, là où il a grandi et où il est devenu ce qu'il est aujourd'hui. Le maintien de Kamel Mouassa à la barre technique confirme une fois de plus la stabilité qui a toujours fait votre force ? Vous savez, Mouassa est arrivé à l'USMA à un moment où l'équipe comptait 19 points, donc il fallait essayer de provoquer un déclic psychologique au sein du groupe, chose que Fullone n'avait pas pu faire. Et je crois que nous avons fait le bon choix en le ramenant à une période où il y avait très peu d'entraîneurs libres. Partant de là, on s'est dit au niveau du comité directeur que si on doit ramener un entraîneur local il vaut mieux garder celui que nous avons en poste car il connaît bien le groupe, c'est un meneur d'hommes et il fallait continuer à lui faire confiance. Lui donner une chance pour faire encore mieux que la saison précédente. Et Dziri, est-ce qu'il rempile ou il arrête ? J'ai eu avec Dziri une discussion qui a duré cinq minutes où je lui ai dit si tu te sens encore physiquement et moralement capable et encore motivé pour une saison pourquoi pas. Il a demandé un temps de réflexion et j'ai appris qu'il a été voir le secrétaire pour signer son contrat. Donc il reprend et on a encore besoin de Dziri qui est un joueur exemplaire qui est toujours le premier aux entraînements. Qu'en est-il de Ammour ? Ammour est un joueur que nous aimerions encore garder chez nous, mais je ne sais pas quelle mouche l'a piqué ? Après avoir été régularisé financièrement, deux jours après il me sollicite par téléphone pour me dire qu'un certain supporter du Mouloudia l'a contacté pour qu'il signe dans ce club. Je n'ai pas apprécié ce comportement simplement pour le fait que l'USMA a tant fait pour ce joueur. Je vais vous dire une chose que je n'ai jamais dite, il y a trois ans, lors de sa première blessure, si Ammour était dans n'importe quel autre club que l'USMA, je peux vous assurer qu'il n'aurait plus jamais rejoué au football. Il a été pris en charge totalement à l'étranger par les plus grands spécialistes que nous avons contactés pour lui et il est revenu à son meilleur niveau une année après et tout cela grâce à l'USMA. Et voilà comment il remercie son club qui lui a tout donné. Et je vais vous faire encore une autre confidence : Ammour est l'un des joueurs les mieux payés du championnat. Si on comprend bien, Ammour n'a pas renouvelé à l'USMA... Non, il n'a pas renouvelé et aux dernières nouvelles il serait à Bordj Bou Arréridj. Simplement, je dis que Ammour n'est pas libre car il est tenu par une disposition contractuelle qui l'oblige à saisir son club trois mois avant l'expiration de son contrat pour émettre un vœu de partir ou de renouveler. Nous avons des joueurs qui ont respecté cette clause aussi bien ceux qui sont partis que ceux qui ont renouvelé. On parle aussi d'une probable venue de Deham à l'USMA, vrai ou faux ? Enfin, j'ai appris peut-être comme vous que Deham voulait venir à l'USMA et des joueurs de l'USMA sont venus me voir pour me dire de le contacter. J'ai posé des questions à certains amis pour voir ce qu'était devenu Deham depuis un an et demi, on n'entend plus parler de lui. Il y a des éléments d'appréciation qu'on voudrait avoir du côté du staff technique de l'USMA pour nous faire une idée précise sur le joueur en question. Car Deham est un excellent attaquant qui intéresse l'USMA, d'ailleurs depuis longtemps. Donc, si tout va dans le sens que nous souhaitons, nous pourrions même l'inviter à nous rejoindre au stage de Lisses en France. Peut-on dire que le recrutement de l'USMA serait bouclé si la venue de Deham se confirme ? Je pense que le vœu de l'entraîneur serait de ramener encore un défenseur axial et un attaquant, cela dit d'ici au prochain mercato on a en principe le temps de régler ça. A partir de là, quelles sont les ambitions de l'USMA dans le prochain championnat ? Il me serait difficile de fixer des objectifs à l'entraîneur car il sait de toute façon que quand on vient à l'USMA c'est pour jouer les premiers rôles. C'est un club qui est habitué à remporter des titres et donc il y a une forte pression du côté des supporters qui est exercée sur l'équipe et le staff. Seulement, je demanderai à ces supporters d'être patients et d'accompagner cette équipe et ce staff dans la sérénité. C'est une nouvelle équipe avec de jeunes joueurs et certains éléments qui viennent de petites divisions il faut leur accorder le temps nécessaire à leur adaptation au sein de l'USMA. Mais je peux vous dire que je suis confiant et optimiste pour l'avenir de cette jeune équipe que nous sommes en train de monter. Et en conclusion ? Je tiens à remercier le wali d'Alger pour les travaux de réfection du stade Omar Hamadi concernant notamment la consolidation de la tribune virage, l'éclairage etc. Je lance aussi encore une fois un appel à nos supporters pour qu'ils soient toujours un soutien positif à leur équipe. Et enfin, je profite de cette occasion qui m'est donnée par le journal Le Temps pour adresser mes sincères condoléances ainsi que celles de tout l'effectif et le staff de l'USMA à la famille Bouteflika suite au décès de la mère de Son Excellence le président Abdelaziz Bouteflika.