En principe, la notion de «mauvaise gestion», déjà intrinsèquement floue en elle-même, ne devrait rien signifier en Algérie, vu l'effort que celle-ci a déployé dès l'indépendance pour former des gestionnaires compétents, à commencer par les cadres issus de l'université. Mais si l'on peut, avec quelque raison, arguer que la formation universitaire avait tendance à être en décalage, pour ne pas dire tout à fait étrangère au milieu et aux préoccupations de l'entreprise en général, et de l'entreprise économique en particulier, que dire alors de ces générations de managers de différents niveaux sortis d'écoles et d'instituts spécialisés ? Où sont-ils et que sont-ils devenus ? Actuellement, une flopée d'écoles privées et publiques de management, de marketing, bref de tous les métiers nécessaires à une bonne gestion (et la bonne gestion n'est rien d'autre que la gestion scientifique) des entreprises fleurissent dans le pays, et il faut s'en féliciter. Mais avant cette floraison, et pour ne citer que ces deux-là, l'Institut national de la productivité et du développement industriel (Inped) et l'Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP) ont formé, pendant des décennies, des gestionnaires et des techniciens de gestion à tous les niveaux de compétences. Avant d'aller plus loin, il y a lieu de présenter succinctement ces deux institutions qui ont fourni des centaines, voire des milliers de gestionnaires à l'entreprise algérienne.Précurseur, l'Inped a fourni au secteur industriel et économique en général, et ce, dès 1967, des gestionnaires de qualité qui ne recevaient pas toujours l'accueil qu'ils méritaient, une fois dans l'entreprise gérée alors de manière routinière et bureaucratique. Deuxième en ancienneté, l'ISGP qui se définit, à juste titre, comme le «carrefour des échanges en gestion», a lui aussi formé des managers de classe internationale qui, dans un environnement local loin de refléter une société de la connaissance, n'étaient pas toujours appréciés à leur juste valeur. Assoupies pendant quelque temps, pour cause de marasme économique, aggravé par la situation sécuritaire de l'époque, les deux institutions reprennent un nouvel élan dans le nouveau contexte de l'économie de marché. Elles déploient de grands efforts pour assurer une formation de haut niveau et sont en relation permanente avec des centres internationaux ayant la même vocation. Le principal problème qu'elles rencontrent est la chute du niveau des étudiants sortis des universités. Elles y pallient par des recyclages fréquents, y compris en matière de langues. Quant aux promotions précédentes, beaucoup de leurs membres ont dû s'expatrier, parfois avec beaucoup de réussite, comme Omar Aktouf, issu de l'Inped et qui est devenu une autorité reconnue à l'échelle mondiale en matière de management. Ce qui confirme la pertinence de la formation de ces deux instituts, un nombre appréciable de leurs anciens élèves ont fondé avec succès leur propre entreprise.