Plus de 1 200 000 électeurs et électrices sont attendus aujourd'hui dans les différents bureaux de vote répartis à travers toutes les villes et villages de Mauritanie pour élire leur nouveau président. Cette élection présidentielle intervient en clôture de la crise qui a secoué ce pays après le coup d'état du 6 août 2008 et la chute du président en poste, Sidi Ould Cheikh Abdellahi. Elle résulte principalement de la forte pression exercée onze mois durant sur les putschistes, tant par la totalité des pays membres de l'union africaine que des Nations unies, de la ligue arabe et de l'Union européenne. Mis au ban de la communauté mondiale, les dirigeants mauritaniens autoproclamés se sont fatalement retrouvés dans l'obligation de céder aux exigences des instances politiques nationales et internationales, non sans avoir réussi à s'offrir une issue de sortie honorable avec à la clé une candidature à l'élection présidentielle du principal instigateur du coup d'état, le général Mohamed Ould Abdelaziz. Ce dernier qui a, de fait, dirigé le pays durant toute cette «période transitoire» s'est démarqué de sa fonction militaire pour se présenter comme un haut fonctionnaire civil briguant la magistrature suprême en créant pour la circonstance son propre parti. Il a en outre mis à profit sa qualité de chef de la junte au pouvoir pour sillonner de long en large le pays durant plusieurs semaines afin de mener une campagne électorale avant l'heure et prendre de substantielles longueurs d'avance sur ses adversaires à la course au palais présidentiel. Huit autres candidats ont néanmoins développé durant la campagne officielle des programmes électoraux basés sur les grands fondamentaux que sont le travail, le logement, la santé, pour séduire un grand nombre d'électeurs afin de recueillir le maximum de voix et éventuellement réussir à décrocher une place pour le second tour électoral, si tel était le cas. Il s'agit d'Ely Ould Mohamed Vall qui renversa en 2005 l'ex- président Mouaouiya Ould Sid Ahmed Taya. Président de la phase de transition (2005-2007), il organisa, sans y prendre part, des élections présidentielles libres en soutenant à cette période «qu'il ne nourrissait aucune ambition présidentielle». Son retour sur le devant de la scène politique mauritanienne découle, après avoir condamné le putsch de 2008, de son souci «de travailler à la reconstruction de son pays». Ahmed Ould Daddah, le chef d'un des plus anciens partis d'opposition, le rassemblement des forces démocratiques, représente une candidature historique pour avoir participé à tous les précédents scrutins. L'ancien président du parlement mauritanien Messaoud Ould Boulkheir, ferme opposant au dernier coup d'état, se présente de son, côté pour la troisième fois à la magistrature suprême. Saleh Ould Hannena, leader du parti Hatem, Hamadi Ould Meimou, ambassadeur au Koweït, Ibrahima Sarr principal dirigeant de l'alliance pour la justice et la démocratie, Kane Hamidou Baba, vice-président de l'assemblée nationale et Jemil Mansour, représentant du parti Tawassoul prennent également part à cette élection. A la veille de cette cruciale consultation électorale, Mohamed Saleh Annadif, le président du comité de suivi du groupe de contact international (regroupant des délégués des Nations unies, de l'Union africaine et de la Ligue arabe) a fait savoir que tout le dispositif électoral était fin prêt dans les différents aspects organisationnels, (listes électorales, aménagement des bureaux de vote, préparation des urnes, bulletins de vote…) Il a de plus indiqué avoir réuni la veille de la clôture de la campagne électorale tous les candidats ou leurs représentants pour leur demander d'œuvrer pour une élection «transparente et apaisée». M. Annadif a en outre soutenu que plus de 300 observateurs étrangers seront mis à contribution pour superviser le déroulement de cette élection et relever «les éventuelles tentatives de fraude», d'autant que ce scrutin se déroulera sous le «contrôle» du groupe international de contact pour éviter, estiment les observateurs, les fâcheuses conséquences que pourrait engendrer tout «faux pas». Au-delà du choix populaire du nouveau président, les mauritaniens tiennent, selon la presse locale, à conférer à cette «cruciale» élection le succès escompté afin de tourner définitivement la page des coups d'Etat cycliques et inscrire leur pays dans la voie de la légalité et de la démocratie.