Cela fait maintenant quarante ans que Neil Armstrong, Michael Collins et Buzz Aldrin posaient le pied sur la lune. L'événement scientifique était d'une telle ampleur historique que pendant des années, personne n'imaginait qu'on pouvait lui faire l'affront de l'oubli, ou pire le reléguer au rang de banalité. Les citoyens du monde, les américains un peu plus que les autres, tellement conscients de «la chance» qu'ils avaient d'être les témoins privilégiés d'un pas de géant dans la percée des secrets de l'univers, se sont mis à quelques repères fétiches pour immortaliser l'instant magique dont ils ont cru qu'ils ne reviendraient jamais. Deux décennies durant, ils exhibaient encore des photos, sortaient de petits textes et évoquaient des souvenirs jalousement gardés de ce qu'ils étaient en train de vivre à la minute «M» ou la seconde «S» où de vaillants et émérites astronautes ont marché sur une planète rapidement devenue la «banlieue de la terre». Le temps est passé. Maintenant que les quarante ans du «petit pas pour un homme et un pas de géant pour l'humanité», pour reprendre l'expression d'Armstrong au moment d'alunir ne suscite plus grand enthousiasme, le dernier carré des passionnés se rendra peut-être à l'évidence : l'oubli ou la banalisation sont à la hauteur de la désillusion. Le prolongement scientifique attendu avec plus ou moins d'optimisme des conquêtes spatiales, la découverte d'une vie possible sur d'autres planètes, n'est pas venu avec la rapidité que l'importance de l'avancée de l'époque et l'euphorie qui en a suivi laissaient supposer. Bien sûr, d'autres progrès en la matière ont été réalisés, mais leur portée humaine a été tellement insignifiante que l'opinion s'en détourne pour s'orienter vers d'autres découvertes scientifiques directement en rapport avec la condition humaine. La chirurgie cardiovasculaire, l'insémination artificielle ou les nouvelles technologies de la communication attirent plus d'attention qu'une conquête de l'espace appréhendée beaucoup plus comme un gouffre budgétaire dans un monde où trop de monde a encore faim, trop de monde est encore malade pour qu'un milliardaire qui «s'envoie en l'air» puisse enflammer les foules. Et puis ce constat terrible pour les grands nostalgiques : plus de la moitié de l'humanité, qui a aujourd'hui moins de quarante ans, n'était pas encore née le 17 juillet 1969. En plus d'avoir très peu profité au bien-être de l'humanité, voilà que se poser sur la lune est d'une désespérante ringardise. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir