Quarante ans après le programme Apollo, la Nasa vient d'annoncer la découverte d'une importante quantité d'eau sur la lune, confortant les partisans de la reprise des missions d'exploration sur cette planète peut-être un peu trop rapidement considérée comme un espace mort. «La lune, plutôt qu'un espace immuable et mort, pourrait en fait être dynamique et intéressant», a déclaré l'astrophysicien Greg Delory de l'université californienne Berkeley, qui n'a pas participé aux travaux de la Nasa. Pourtant, la mission Apollo, qui s'était étalée sur des années, avait apporté des échantillons de roche et de sol qui n'avaient, avec les moyens d'analyse de l'époque, révélé aucune présence d'eau. La Maison-Blanche, confortée par les scientifiques qu'il était plus prometteur d'orienter la recherche vers d'autres espaces, puis les concentrer sur Mars, n'a pas pour autant définitivement renoncé à la lune. Il y avait une part de symbole et de sentiment pour cette planète qui avait incarné à l'époque une éclatante victoire de la science et de la puissance de l'Amérique comme pionnier de l'humanité conquérante. Mais si le fétichisme a toujours une petite place dans le monde de la rationalité, elle le garde encore aujourd'hui et il se manifeste dans l'ego non déclaré mais manifeste dans la réaction de l'un des deux héros qui ont marché la première fois sur la lune. L'astronaute Buzz Aldrin, qui fut en 1969 le compagnon discret de la méga star Neil Armstrong, vient de déclarer dans la foulée de la nouvelle : «je suis très heureux de cette découverte, mais j'estime que les Etats-Unis devraient plutôt concentrer leurs efforts d'exploration sur Mars. Les gens vont réagir de façon excessive à cette nouvelle et se laisser aller à une ruée vers l'eau sur la lune, alors que cela ne se justifie pas.» On ne connaît pas encore les arguments scientifiques qui ont poussé un scientifique de ce niveau à ce manque d'audace mais on devine pourquoi il reprend à son compte une option dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'est pas si évidente que ça. Et on comprend moins le très peu d'enthousiasme que la découverte de l'eau sur la lune, qui n'est pas moins que la possibilité de la vie, a suscité au sein de la communauté scientifique et de l'opinion la plus large. Sans doute que la moisson de bonheur pour l'humanité attendue des premiers pas sur la lune n'a pas été au rendez-vous et que l'efficacité de l'une ou de l'autre stratégie d'exploration ne sont pas vraiment le fond de la question. Garder les pieds sur terre n'est peut-être pas très audacieux comme démarche scientifique, mais envisageable au vu du boulot qui reste à faire «ici-bas». * Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir