Il faut peut-être admettre que l'Algérie est devenue à plusieurs égards un pays frileux et routinier. Longtemps enfermé dans un repos hebdomadaire qui jurait avec les nécessités économiques surtout, il n'a consenti qu'après plus de trente ans à s'ouvrir, enfin, sur le monde, mais… à moitié ! Dans le domaine économique précisément, écrasé par le poids exorbitant des hydrocarbures, peu de choses sont faites pour «booster», selon le verbe à la mode, le développement des autres secteurs hors pétrole. Et pourtant, ceux-ci recèlent des potentialités réelles d'essor bénéfique aussi bien pour l'expansion interne que pour les exportations. Ce qui permettrait de se débarrasser de l'image d'un pays mono produit. Est-ce que le nouvel aménagement du repos hebdomadaire qui nous rapproche, à une demi-journée près, celle du vendredi après-midi, du temps de travail dans le monde, va changer quelque chose à la léthargie et le manque de considération des secteurs autres que celui des hydrocarbures ? Il est permis de l'espérer, ne serait-ce que par les relations plus fréquentes avec une économie mondiale en pleine ébullition et qui rebondira certainement plus haut, comme cela arrive toujours après les crises, et la crise actuelle n'est pas éternelle ! A de multiples signes, on peut démontrer que la prépondérance des hydrocarbures dans le commerce international gêne aux entournures l'opinion nationale avertie. Ainsi cet internaute qui lance ce cri exaspéré : «Certes, il faut réduire, en Algérie, les importations, mais également diversifier nos exportations hors hydrocarbure. Jusqu'à quand l'économie restera-t-elle tributaire du cours du pétrole ?»Ce cri se justifie amplement, puisque, et à titre d'exemple, les exportations hors hydrocarbures n'ont atteint, en 2008, que 2,82% du volume global des transactions internationales de l'Algérie, le pétrole s'arrogeant la part du lion avec 97,18%. Ceci pour la quantité. Qu'en est-il de la qualité ? Voici le point de vue d'un analyste : «L'Algérie n'exporte que des matières brutes. Les produits agricoles ou semi-industriels représentent moins de 1% du total des exportations. Mais ce qui est inquiétant est que l'économie algérienne peine à exploiter ses ressources minières et agricoles, alors que les terres agricoles ne manquent pas et les richesses minières non plus.» On est tout à fait désarçonné, quand on a en tête les multiples richesses, avérées de surcroît, de notre pays, de voir, comme en 2008, les produits exportés hors hydrocarbures, dont voici la liste : 1) Un seul produit minier, le phosphate qui représente en valeur 137 millions de dollars. 2) La production alimentaire (agricole comprise) qui représente 100 millions de dollars, dont seulement 19 millions pour les dattes. 3) Les biens d'équipement et produits non alimentaires représentent moins de 256 millions de dollars, dont 189 millions pour les déchets non ferreux. Pas très réconfortant, un pareil tableau pour une Algérie qui affirme de plus en plus une volonté d'augmenter ses exportations hors hydrocarbures, mais sans apparemment, du moins jusqu'à présent, trouver la bonne solution ni la méthode de gestion idoine. Pour paraphraser notre analyste, «il suffirait, peut-être, d'exploiter ses mines et rationaliser son agriculture.» Et que peut-on faire aussi avec cette richesse abondante, pérenne et écologique, et dont le pays aurait du être le leader du point de vue de la recherche scientifique, technique et industriel depuis longtemps, à savoir l'énergie solaire ? Décidément, l'Algérie doit cesser de somnoler à l'ombre des derricks : elle en a les ressources humaines, matérielles et naturelles.