Le juge d'instruction Marc Trévidic a saisi il y a quelques jours les ministères français des Affaires étrangères, de la Défense et de l'Intérieur pour qu'ils remettent les documents secrets qu'ils détiendraient éventuellement sur le dossier des moines de Tibhirine. «Une décision qui ne concerne en rien l'Algérie», affirme Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH). Selon notre interlocuteur, l'Algérie n'a rien à craindre ni à cacher dans l'affaire de l'assassinat en 1996 des moines de Tibhirine. «La version algérienne des faits correspondant parfaitement à la réalité», souligne M. Ksentini. Et de s'interroger : «Je ne vois pas pourquoi les Français cherchent des poux dans la tête d'un chauve, d'autant plus que les faits sont là et que tout le monde sait que les moines ont été tués par un groupe terroriste.» L'affaire de l'assassinat des moines de Tibhririne a été relancée en juin dernier lors de la déposition devant le juge d'instruction Marc Trévidic, au tribunal de grande instance de Paris, du général François Buchwalter qui affirme que les sept moines français enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 par un groupe terroriste ont été tués par erreur, lors d'un raid aérien de l'armée algérienne contre un bivouac du GIA. Réagissant à ces accusations, l'ex-chef du GIA, Abdelhak Layada, a affirmé que les moines avaient bien été exécutés par son mouvement. «Les assassinats ont été commis par Djamel Zitouni à la suite des tergiversations du renseignement français», a déclaré Layada à la presse. «Les négociations qu'il menait avec les Français concernaient ma libération contre la libération des moines. Les Français ont tardé à répondre s'ils acceptaient de négocier ou non avec le GIA. C'était la cause de l'échec», a-t-il ajouté. Pour sa part, le ministre de l'Intérieur et des collectivités locales, Yazid Zehouni, a qualifié les déclarations de l'ex-attaché militaire à l'ambassade de France à Alger de thêatre du kabuki. «Pour moi cette histoire me rappelle le théâtre japonais du kabuki qui s'est beaucoup inspiré du théâtre de marionnettes; donc vous voyez des marionnettes qui dansent et il y a en arrière-salle un souffleur qui dicte et raconte les paroles de l'histoire. Il se trouve que la scène se trouve à Paris et que je suis ministre en Algérie», a déclaré M. Zerhouni.