Se cacher derrière de vagues considérations de rationalité économique pour maintenir le statu quo de l'indigence salariale, tenter d'être dans le bon ton de la compassion tout en proposant des augmentations dérisoires qui ne répondent ni aux besoins vitaux des Algériens ni aux équilibres économiques de l'Algérie, ou encore aller le plus loin dans la surenchère populiste et suggérer des salaires tellement irréalistes qu'il n'en coûte rien de les revendiquer. Voilà trois catégories de postures quasiment systématiques à chaque fois qu'il est question de relever les salaires, ou du moins d'en parler. Les uns et les autres ont leurs arguments ou se contorsionnent pour en trouver même s'ils ont rarement convaincu. Les salaires, comme leur augmentation ne peuvent pas être envisagés en dehors des rapports à la productivité et à la performance, la compassion sert aussi à tenir le bâton par le milieu et la surenchère peut amener le minimum. Le problème est que l'argument économique, au lieu de contribuer à l'évaluation des possibilités d'améliorer la situation sociale des salariés, est plutôt brandi comme l'arme fatale qui prolonge leur désarroi, la compassion est un sentiment qui n'a jamais rien réglé de concret et le populisme est toujours source de désillusion à l'épreuve du terrain. De ce «débat» récurrent est exclu un partenaire majeur. Ce sont les patrons et jamais les entreprises qui sont à la table des «négociations». Du coup, ne sont prises en considération ni les situations de réelle prospérité de certaines d'entre elles, ni les difficultés que d'autres peuvent connaître de manière permanente ou conjoncturelle. Ne comptent alors que les disponibilités, souvent politiques, des organisations patronales, le niveau de la demande ou du compromis de la centrale syndicale et la volonté des pouvoirs publics. Pour le reste, il est quand même troublant que toutes les opinions qui s'expriment traditionnellement sur la question se focalisent sur le SNMG quand il est question de salaires. D'abord parce qu'on ne connaît pas la proportion exacte des salariés qui sont à ce niveau de rémunération pour que ça mérite une attention aussi hégémonique, ensuite à quoi servirait un SNMG à 20 000 dinars si celui qui touchait 21 000 reste avec le même salaire ? Comment les «propositions» peuvent-elles varier si allégrement du simple au double ? Et ceux qui sont encore payés au-dessus du SMIG officiel, y compris dans les institutions publiques, sans que leur employeur ne soit inquiété ? Et la récompense de l'effort et de la compétence ? On ne sait pas si toutes ces questions seront à l'ordre du jour de la prochaine tripartite, mais on sait déjà que les termes du débat qui la précède se résument encore à une superposition de salaires minimums et un alignement d'évaluations du coût des besoins vitaux des ménages. Et s'il s'agissait d'être chose ? Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir