Parler de tourisme culturel à Sétif serait mettre au devant de la scène le potentiel archéologique et architectural que recèle la région. Une richesse inestimable qui pourrait constituer des chantiers pour les générations futures ou provoquer le désir de la découverte et le plaisir de la lecture de pages entières de l'histoire de la région. De l'époque préromaine à la période romaine en passant par la période contemporaine, Sétif présente toutes les aptitudes d'une région forte de ses acquis antérieurs. Le gisement de Aïn Lehnèche, à 27 km à l'est du chef-lieu, recèle un patrimoine datant de deux millions d'années. Un site témoin de la préhistoire qui donne à voir une importance archéologique unique qui marque la première présence humaine en Afrique et dans le monde, selon les spécialistes. Ce sont les traces de l'industrie primitive et de l'écriture punique. A Ikdjane, dans la daïra de Béni Aziz, à 60 km de Sétif, c'est la collection de céramiques et de poteries fatimides qui témoigne de l'existence d'une civilisation islamique. Elle renvoie à la présence d'un centre de doctrine chiite ismaélite, un site spirituel du monde entier et aussi un lieu historique pour tous les pays arabes, du Maroc au Yémen. Les historiens témoignent que c'est le point de départ de la doctrine vers les autres pays arabes. Au nord-est de Sétif, à quelque 27 km, Djemila a 19 siècles d'existence. Une ville demeurée intacte. Fondée en 96 et 98 de notre ère avec ses arcades et remparts, elle est l'une des capitales romaines de la Méditerranée. La ville de Sétif, en sus de la citadelle romaine découverte par la colonisation en 1837, présente un ensemble de sites, dont les bains romains et les écriteaux encore présents au jardin public d'Orléans (actuellement jardin Emir Abdelkader). Non loin, le tombeau de Scipion l'Africain renseigne sur les traces du général romain vainqueur de Hannibal à Carthage lors de la deuxième guerre punique. Au nord, Hammam Guergour, connu pour ses vertus thérapeutiques grâce à ses eaux thermo-minérales radioactives dont la température avoisine les 44°, date de l'ère romaine. L'histoire révèle aussi qu'au début du XVIIe siècle, Sidi El Djoudi des Mourabitoune élit domicile dans la médina où il réussit quelques années après à constituer son fief. Et ce n'est que dans les années 1930 que l'un de ses descendants réalisa le premier bain public de l'histoire contemporaine, Hammam Guergour. Un peu plus au nord, dans la basse Kabylie, Beni Ourtilane et Beni Yaala gardent intactes les procédés berbères de la fabrication d'huile d'olive. Dans la ville de Sétif, l'histoire contemporaine est présente grâce aux cimetières chrétiens et juifs. Le Nadi, tribune de Ferhat Abbas, toujours présent au cœur de la ville, renseigne sur les activités du député de l'Assemblée nationale dans les années 1950. Sur le plan littéraire, la ville de Bougaâ garde le souvenir du passage de Kateb Yacine et est un lieu de mûrissement de son roman Nedjma, selon certains témoignages. Autant de vestiges et de lieux qui pourraient renvoyer aux évènements ayant marqué l'histoire, des espaces pour les visiteurs qui méritent d'être exploités afin d'en constituer une source d'attrait et un produit touristique.