La rentrée des classes est pour demain. Les élèves, tous paliers confondus, retrouveront les bancs de l'école dès 8h30 pour entamer une nouvelle année scolaire. Une rentrée qui a fait couler beaucoup d'encre en raison des nombreuses nouvelles mesures prises. Des mesures qui n'entrent pas forcément dans le projet de réforme du secteur, mais qui sont prises en fonction d'autres paramètres qui sont parfois difficiles à déterminer et à cerner surtout. Ainsi, la décision de passer au week-end semi-universel a créé un véritable chamboulement dans le secteur. Les discussions menées entre les syndicats et la tutelle pour arrêter les nouveaux horaires de travail ont été marquées par un débat houleux et très divergent. Le résultat obtenu en optant pour deux jours et demi de repos hebdomadaire dans le secteur ont été à l'origine de nouveaux problèmes qui interviennent directement sur l'aspect pédagogique, d'où la décision d'avancer les horaires de cours à une heure tardive. Ce sont des décisions qui n'assurent guère l'achèvement du programme scolaire, comme cela se fait depuis plusieurs années. Une situation qui sacrifie l'application de mesures importantes comme le programme d'allègement des cours, qui a été laissé en stand by, du moins pour cette année. Ainsi, le nombre des élèves attendus cette année est de l'ordre de 8 millions. Des moyens pédagogiques et matériels ont été mis en place dans l'objectif de renforcer les structures et infrastructures existantes. Ainsi, un staff d'encadrement a été mobilisé pour assurer une bonne année scolaire avec quelques 370 259 enseignants pour les trois cycles confondus. On relève à ce niveau-là également un manque flagrant d'enseignants notamment pour les langues étrangères et dans certaines régions enclavées. En termes de moyens matériels, il existe actuellement 17 995 écoles primaires soit l'équivalent de 152 888 salles de cours, 4853 collèges et 1825 lycées sur le territoire national. Il est également prévu l'ouverture de 600 nouvelles cantines pour assurer des repas à 121 880 nouveaux bénéficiaires. Le ministère compte mettre en marche 1300 bus assurant le transport scolaire histoire de renforcer ceux existants déjà pour atteindre au total 4808 bus. Le programme de la santé scolaire est également inclus dans les préparatifs de cette rentrée. Le nombre d'unités de santé sera, cette année, de 1380. Le ministre, lors de sa rentrée de préparation, a affirmé que le problème des manuels scolaires a été définitivement résolu. Ainsi, le livre est disponible pour tous les élèves et sera gratuit pour ceux de première année. Le planning des vacances change tous les ans Avant même de tenir une réunion avec les directeurs de l'éducation, le département de Benbouzid a rendu public le planning des vacances scolaire. Des changements notables ont été effectués dans ce document où on constate l'accoutrement de la durée des vacances avec une multiplication des vacances, en mettant plusieurs dans une même saison. Ainsi, les élèves n'ont plus droit à des vacances de 15 jours marquant la fin du trimestre dont la durée devrait être fixée à trois mois. Dans le nouveau calendrier des vacances, les élèves auront droit à une semaine de «repos» après un mois et demi de scolarité. Ainsi, ce programme instaure les vacances d'automne du jeudi 29 octobre 2009 au mardi matin 3 novembre 2009. Les premières vacances d'hiver s'étaleront du jeudi 17 décembre 2009 au soir au dimanche 3 janvier 2010, quand aux 2es vacances d'hiver, elles seront entre le jeudi 11 février 2010 et le mardi 16 février 2010 au matin. Les 1ères vacances de printemps commenceront le 18 mars 2010 et finiront le 4 avril 2010, les 2es vacances de printemps s'étaleront du 29 avril 2010 au 4 mai 2010. Les vacances d'été débuteront le 4 juillet 2010 pour les enseignants, celles des personnels administratifs prendront effet deux semaines plus tard, l'administration devant finaliser les opérations de fin d'année. Les syndicats reviennent à la charge Si le premier responsable du secteur a été très optimiste quant au bon déroulement de cette rentrée, les syndicats, quant à eux, ont promis un début difficile qui sera d'ailleurs marqué par plusieurs actions de protestation. Dans ce contexte, le CLA a appelé les enseignants à boycotter la première journée. Se révoltant contre la façon dont est géré le secteur, ce syndicat affirmé que le ministère n'a pas tenu ses promesses en laissant toutes les revendications des enseignants lettre morte. Le CLA est revenu sur les problèmes que vont subir les enseignants cette année en raison des mesures prises. Surcharge des classes, emploi du temps mal étudié, manque d'enseignants et de personnel pédagogique, ajournement des concours de recrutement, sont autant de problèmes que le secteur est appelé à gérer avec beaucoup de prudence. Le régime indemnitaire des enseignants est l'une des raisons du mécontentement des enseignants. Le Cnapest n'a pas écarté cette possibilité de rejoindre ce mouvement de protestation compte tenu des changements opérés. Il en a été de même pour d'autres syndicats, notamment ceux des contractuels et des adjoints d'éducation qui continuent de manifester leur mécontentement quant à leur situation et au manque de sérieux dans la prise en charge de leurs doléances, ce qui influe sérieusement sur leur situation qui ne cesse de se dégrader. Les parents d'élèves dans l'embarras Les changements opérés dans le programme cette année n'ont pas été appréciés par les parents d'élèves qui craignent sérieusement les répercussions de ces mesures sur l'évolution mentale et physique de leurs enfants. N'ayant toujours pas pris connaissance du nouvel emploi du temps, les parents disent n'avoir rien saisi du «cafouillage» qui est en train de se pratiquer dans les écoles. «Je ne comprends pas comment un élève peut être retenu en classe jusqu'à 17h alors qu'il a déjà eu cours le matin. C'est absurde, au bout d'une journée de cours, l'élève n'assimilera plus rien» nous dira un père de trois enfants dont deux scolarisés. Il craint des surprises dans le nouvel emploi du temps des élèves. Il dit qu'il est catégoriquement contre la prolongation des heures de cours et encore plus contre le prolongement de l'année scolaire qui est contraire aux normes pédagogiques retenus dans le reste des pays du monde. Même après lui avoir expliqué que le prolongement ne concerne pas les établissements primaires, ce père reste sceptique. «Je ne comprends plus rien. Où sont les associations des parents des élèves qui doivent jouer un rôle primordial dans ce genre de situation?» a-t-il interrogé. Faisant allusion à la densité des programmes scolaires enseignés dans le cadre des réformes, les parents affirment que les élèves n'auront plus la capacité d'assimiler plus de charges. «Partout dans le monde, on va vers l'allègement, la scolarisation à partir de 7 ans et autres mesures qui aident l'enfant à s'épanouir. Pourquoi fait-on le contraire chez nous et encombre-t-on la tête d'un gamin qui a encore besoin de jouer et de se détendre ?» Même inquiétude chez les parents dont les enfants sont scolarisés dans des classes supérieures. «Il faut tenir compte des examens et du stress que cela engendre ; l'élève a besoin d'un enseignement de qualité et non d'un cumul de connaissances qu'il ne saura exploiter», nous dira une maman. Les parents ont également souhaité que l'année scolaire débute après l'Aïd : «On s'occupera mieux des enfants la semaine prochaine. Là, nous sommes en plein ramadhan ; on prépare l'Aïd et la rentrée avec tout ce que cela demande en termes de temps, de dépenses et autres. Car il faut faire face aux besoins des enfants en matière de vêtements, de manuels, d'articles scolaires et autres. Ça ne va pas être facile», nous dira-t-elle. En attendant de connaître les autres détails de l'application de ces changements au niveau des établissements scolaires, cette première année s'annonce rude.