Un jeune émigré rentré au pays revoir son grand-père, un ancien du mouvement national de libération, s'est laissé berner car son passeport français avait été bricolé par un «fantôme», le visa aussi. Le but ? Il avait ramené de France un véhicule dernier cri qui ne quittera plus l'Algérie, allant à contresens de la loi. La juge d'El Harrach a bien voulu tendre la perche au jeune et à son cousin qui jure n'y être pour rien de ce dossier, mais elle ne pouvait pas à la veille de son départ en congé piétiner la loi qu'elle est tenue de respecter. Un très jeune émigré vivant depuis longtemps en France rentre au bled avec une très belle cylindrée. Un peu plus tard, Mohcen repart en France mais sans l'auto. A la barre face à Selma Bedri, la présidente de la section correctionnelle du tribunal d'El Harrach, l'inculpé tente de se tirer d'affaire, debout à la droite du second inculpé de faux et d'usage de faux. Et le second inculpé dit tout ignorer des faits. La juge lui rafraîchit la mémoire. «On est venu vous voir. On vous a remis les papiers pour que vous vous occupiez du faux», dit la juge vite contrée par l'émigré : «Non, je lui ai remis les papiers et la voiture pour la garder.» - «Ce n'est pas ce que vous aviez déclaré devant le juge d'instruction. Vous aviez dit que vous lui aviez remis l'auto pour la revendre», précise Bedri qui aura droit à un «Ah !, j'ai dit ça ?», timide mais peut-être calculé puisque la magistrate revient à la charge : «Et cette histoire de cachet ? Vous aviez fait la connaissance du second inculpé quand ? Et dans quelles intentions ?» articule la juge vite relayée par Youssef Menasra, le procureur : «Aviez-vous pris contact avec Messaoud, le second inculpé ?» Le pauvre émigré se noie dans un verre d'eau. «Je n'ai jamais été mis au courant de ces opérations de faux visa et tous les autres faux», marmonne le jeune qui va devoir encore se farcir les rudes demandes en réparation du Trésor public par la bouche du représentant des douanes de l'aéroport Houari Boumediene. Pis encore, celle du procureur : deux ans de prison ferme pour l'émigré et six mois ferme pour Messaoud, le présumé faussaire. Mais qui est ce Ahmed qui tenait le talkie-walkie à l'aéroport ? Cela reste du domaine des «on dit que...», et qui n'existe nulle part dans le dossier. Et si l'émigré était une pauvre malheureuse victime d'une machination juste pour lui ôter le véhicule ? Mystère. L'émigré avait remis les papiers à quelqu'un. A une ombre ! De l'excellent travail sous-terrain qui a créé un «glissement de terrain» sous les pieds et l'avenir de l'émigré venu à M'sila en... touriste ! Et puis qui est devenu le troisième gars contre qui Menasra avait réclamé une peine de deux ans ferme. Et ce sera d'ailleurs le verdict du jour.