«Nous nous obstinons d'exiger le pardon et le dédommagement des Algériens victimes des exactions commises durant 132 années de colonisation et nous estimons que ces revendications sont légitimes. Cela dit, je ne comprends pas comment la France peut-elle parler de mémoire alors qu'elle occulte les crimes odieux et les campagnes d'extermination (enfumages et carnages collectifs etc.) qu'elle a commis sur une population qu'elle a taxée d'indigente. Cela nous conduit à dire que la France pratique la politique des deux poids deux mesures. On peut aisément comprendre que la France s'acharne à vouloir glorifier les traîtres de l'Algérie et refuser, d'un autre côté, de reconnaître la légitimité de la cause algérienne, laquelle endura, 132 ans durant, toutes les formes de crimes les plus atroces. Il est pour moi une occasion de vous dire qu'hormis les crimes odieux qu'elle devrait reconnaître un jour ou l'autre, la France a commis des crimes autrement plus dangereux en s'appropriant le droit illégitime de porter atteinte à la culture des Algériens, notamment en incinérant des milliers de livres et autres manuscrits. Je dois vous dire que ni la loi du 23 février 2003 ni une autre loi qu'elle doit pondre ne saurait blanchir la France de ses crimes de guerre. Je pense que le futur ne se construit pas de cette façon et pour que la France puisse reconstruire sa mémoire qui est également notre mémoire, elle doit dédommager les victimes, exprimer sa reconnaissance et demander pardon à l'Algérie. En prenant cette initiative, la France veut préparer les troisième et quatrième générations françaises en présentant les harkis comme des héros alors que réellement elle a toujours soutenu les régimes impérialistes et sionistes à travers le monde en maintenant ses troupes en divers points du monde. En définitif, elle veut que l'Afrique demeure au service de la France. Sur la question de la mémoire de la Guerre d'Algérie, je pense que la France fuit ses responsabilités. Elle tente d'introduire les harkis dans l'histoire en les présentant sous un aspect positif. L'Etat algérien doit, pour contrer ces manœuvres, réécrire l'histoire pour mettre en valeur le sacrifice des millions d'Algériens et le rôle de trahison qu'ont joué les traîtres de la nation. Autrement dit, la France tente de travestir l'histoire aussi, l'Algérie se doit de procéder à la réécriture de l'histoire pour honorer et sacraliser le courage et l'abnégation des millions d'Algériens qui ont servi une cause juste et légitime.»