Le Conseil national économique et social a émis des critiques et des observations de taille sur la stratégie «e-Algérie 2013» portant programme d'action de la société algérienne vers l'ère de l'information et de l'économie numérique. L'avis du CNES a été rendu public dans le cadre du dernier Journal officiel n°54 paru le 16 septembre 2009. Le CNES saisi par le premier ministre Ahmed Ouyahia le 14 janvier 2009 a mis en place une commission afin d'évaluer la nouvelle politique élaborée par le gouvernement. Tout en se félicitant de cette saisine considérée comme une initiative de nature à rehausser le mandat d'assemblée consultative, le CNES a formulé 16 critiques. Il s'agit, entre autres, de manque de cohérence quant à la mutualisation des efforts et des moyens à mettre en œuvre, les collectivités locales qui ne semblent pas bénéficier du niveau d'attention requis et de la prédominance de l'approche hard au détriment de celle qualitative par le soft et les contenus. Le CNES considère également que la jeunesse algérienne ne doit pas être considérée comme consommatrice de contenus ou de technologie, mais comme créatrice de connaissance et de savoir au sens de «creative class». Le Conseil, tout en approuvant l'importance accordée aux ressources humaines, facteur clé de la réussite de toute stratégie, estime que la motivation de ces compétences devra venir par la création d'un statut convenable et des moyens conséquents. S'agissant des mesures fiscales «particulièrement nombreuses», le CNES observe qu'elles sont offertes sans pour autant que des mécanismes de compensation appropriés n'aient été pensés a priori pour assurer des équilibres budgétaires a minima.» (…) D'autre part, alors que la participation de l'Etat dans ce gigantesque effort est décrite dans le détail à travers des acquisitions d'équipements, des formations, des mises à niveau, des subventions, des exonérations et autres mesures fiscales, rien n'est dit sur la forme que prendra la participation des entreprises et des équipementiers, dont on peut présumer qu'ils engrangeront d'immenses bénéfices à même les fonds publics engagés dans l'opération en cause à hauteur de 4 milliards de dollars. Le programme évoque, sans autre forme de précision, la participation des entreprises sur leurs fonds propres. Le Conseil note, par ailleurs, que les montants considérables envisagés pour «e-Algérie 2013» nécessitent un chiffrage plus précis et une analyse particulièrement rigoureuse des retombées attendues d'un tel programme. Le Conseil note que le fonds institué par la loi de finances 2009 pour financer «e-Algérie 2013», entre autres à partir des recettes de l'ARPT, est alimenté par les seuls fonds publics. Cette observation reflète la lecture faite par le CNES quant à la stratégie de développement de la société d'information et de l'économie numérique prônée par le gouvernement. Sur un autre chapitre, le Conseil relève également que la composante du contenu audiovisuel en tant qu'élément à part entière d'une stratégie «numérique» est quasiment passée sous silence. La nouvelle politique de développement n'a pas pris en compte, a souligné le CNES, les langues nationales dans les objectifs du programme «e-Algérie 2013». Les recommandations La commission qui a pris en charge l'étude de cette stratégie ne s'est pas contentée d'émettre des critiques. Elle a formulé des recommandations afin d'inscrire ce programme de développement des TIC au cœur d'une stratégie d'Etat explicite et orientée «Economie fondée sur la connaissance». La construction d'une économie fondée sur la connaissance et la promotion des TIC implique une double révolution culturelle et scientifique, recommande le Conseil, ajoutant que le traitement d'un tel dossier appelle nécessairement à regarder les réflexions lourdes relatives aux réformes de la justice, de l'éducation et des institutions de l'Etat, initiées par le président de la République. Les TIC ne provoquent les répercussions économiques sociales et sociétales qu'à condition qu'une masse critique d'utilisateurs soit atteinte, tient à rappeler le CNES dans son rapport.