Le rapport concernant le projet " e-Algérie 2013 " élaboré par le Conseil national économique et social (Cnes) a été publié dans le dernier numéro du Journal officiel.Ainsi, l'avis du Cnes est agencé autour de trois parties : la première partie retrace brièvement et tout à fait classiquement l'économie générale du projet " e-Algérie 2013 ", assortie toutefois de quelques annotations, alors que la deuxième revient sur les principales observations du Conseil adressées au projet dans ses éléments endogènes de formulation, et propose en conséquence un faisceau d'actions susceptibles d'en améliorer la substance " comme telle ". La troisième partie, quant à elle, suggère plus fondamentalement des éléments de réarticulation du dossier adossés à des référentiels stratégiques postulant, en tout état de cause, la nécessité d'un décloisonnement général de l'approche. Cette dernière partie s'attache donc à expliciter les recommandations plus globales du Conseil. Le point de vue ultime du Cnes est que la politique " e-Algérie 2013 " gagnerait infiniment en puissance et en efficacité si elle pouvait explicitement converger vers les autres logiques de l'action publique qui lui sont étroitement consubstantielles, autorisant alors sa déclinaison selon une typologie davantage en ligne de cohérence avec le schéma conventionnel conduisant à "l'économie fondée sur la connaissance". Le monde actuel, est-il rappelé dans le dossier, connaît une mutation structurelle économique décisive et se dirige vers une société du savoir sous-tendue par une massification de l'information. Les résolutions du sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) insistent sur la nécessité de réduire la fracture numérique en plaçant les technologies de l'information et de la communication (TIC) au centre des processus économiques et sociaux. Néanmoins, les freins psychologiques susceptibles d'entraver cette mutation restent importants car l'adoption de nouvelles technologies exige de l'ensemble des utilisateurs une révision en profondeur de leurs méthodes de travail. Les TIC constituent aujourd'hui un domaine dont le caractère stratégique est consacré à l'échelle universelle. Tous les pays qui ont émergé en tant que puissances économiques, dans les différentes aires géographiques de la planète, se sont appuyés sur une forte appropriation de ces technologies, et mis en œuvre des stratégies nationales particulièrement ambitieuses et dont les résultats ont été souvent spectaculaires. La stratégie " e-Algérie 2013 ", initiée par le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication (MPTIC) est une contribution significative dans ce sens, qui mérite d'être poursuivie et encouragée en tant que première tentative de définition d'une politique publique en la matière, depuis l'institution de ce ministère sous sa nouvelle dénomination. Les observations du Conseil font que la stratégie e-Algérie 2013 présente de nombreuses lignes de rupture avec les politiques publiques initiées en matière de TIC, alors même qu'une identification des contraintes de mise en œuvre de ces mêmes politiques, en ce qu'elles ont connu de réussite ou d'échec, est un élément probant à prendre en compte dans toute nouvelle stratégie dédiée à ce domaine. Il n'est, en particulier, pas fait référence au programme de gouvernement adopté en 2002, qui déjà prévoyait de "réduire le fossé numérique nous séparant des pays qui maîtrisent ces nouvelles technologies, et de concrétiser la promotion de la société de l'information et du savoir, notamment par l'élaboration d'une stratégie et d'une politique nationale en la matière". L'Etat se voit attribuer un rôle moteur en ce qui a trait à la mise en œuvre du programme " e-Algérie 2013 ", et porte quasiment seul l'effort de développement induit par la mise en œuvre des politiques publiques en rapport avec cette question. L'horizon des cinq années projetées pour réaliser un projet aussi ambitieux semble difficile à respecter compte tenu de l'intensité des contraintes identifiées dans le document. Le Cnes considère, en particulier, qu'il convient de s'interroger sur les capacités d'absorption du tissu institutionnel, économique et social des différentes actions dont le développement est envisagé. Pour ce qui est des recommandations, le conseil national économique et social considère, à la lumière de l'évolution de la situation mondiale en la matière, que l'Algérie, compte tenu de sa situation économique et sociale, dispose d'une fenêtre d'opportunité qui se conjugue à l'urgence d'entamer explicitement sa transition vers l'économie fondée sur la connaissance, en tant que paradigme fondateur, particulièrement dans le contexte qui est le sien propre, d'une économie de " l'après pétrole ". L'orientation vers une économie fondée sur la connaissance apparaît comme une orientation majeure et incoercible pour l'Algérie, de nature assurément à mobiliser son formidable potentiel de connaissances au service de la création durable de richesses. Nassima B.