Un bilan réalisé par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural fait état d'une baisse inquiétante des productions agricoles. La production de la filière des viandes blanches a reculé de 22% par rapport aux objectifs tracés lors de la signature des contrats de performances, et celle du lait a baissé de 4%. La collecte de lait cru auprès des éleveurs a connu, quant à elle, une chute de 52%. Ces données traitant de la période de janvier à septembre 2009 ont été présentées lundi au siège du ministère de l'Agriculture lors d'une réunion des cadres du secteur avec le ministre Rachid Benaïssa, selon l'APS. Le rapport du ministère a indiqué également que la production des viandes rouges a enregistré une hausse de 2% seulement par rapport aux objectifs assignés. Ce rapport a été établi sur la base des données collectées auprès des différents services agricoles des wilayas. Il relève que certaines filières, notamment le lait, la tomate industrielle et les viandes blanches avaient réalisé des résultats négatifs par rapport aux engagements pris dans le cadre des contrats de performance. S'agissant des autres filières, il a été enregistré des hausses de production. L'évaluation des performances agricoles des différentes wilayas avait porté sur 20 produits agricoles dont 13 d'origine végétale et 7 d'origine animale. La majorité des productions a connu une hausse «appréciable» durant le 3e trimestre 2009, marquant la première année de la mise en œuvre des contrats de performances. Pour les céréales, une hausse de 61% a été réalisée par rapport aux objectifs tracés pour cette filière, en tablant sur 38 millions de quintaux alors que la production a atteint 61 millions de quintaux. Les wilayas concernées par cette culture sont au nombre de 19, dont Oum El Bouaghi qui est en tête de classement suivie de Mascara, Tébessa et Sétif. La production des fourrages a connu une hausse de 28%, et les légumes secs à 22% par rapport aux objectifs tracés. Pour le maraîchage, la hausse était de 7% dont la pomme de terre qui a augmenté de 15% et l'oignon de 19%, alors que le taux de croissance de la viticulture était de 12%. Quant aux dattes, une croissance de la production a été réalisée de l'ordre de 4% par rapport aux contrats de performances (+12% par rapport à 2008). Les projets de l'ONIL S'agissant de la production laitière, le directeur général de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), Abdelhafidh Henni, a expliqué que le dispositif d'intensification de la production nationale de lait avait permis de réduire les importations de la poudre de lait de 40 000 t cette année, soit une valeur de 100 millions de dollars. M. Henni a annoncé également que l'Onil compte intégrer progressivement les 55 laiteries n'ayant pas encore adhéré à ce dispositif sur les 108 unités opérant sur le marché. La tomate industrielle a connu, quant à elle, une baisse de 27% par rapport aux contrats de performance et -31% par rapport à toute l'année 2008 où la production avait atteint 5,1 millions de quintaux et dégraissé à 3,5 millions de quintaux cette année. Cette baisse de production a été attribuée aux effets des inondations ayant touché la région est du pays qui occupe 80% de la production nationale. M. Benaïssa a estimé que «cette filière est encore déstructurée en raison du manque d'organisation de ses professionnels». Pour ce qui est des résultats de l'économie du renouveau rural réalisés durant ce même trimestre, les chiffres de la direction générale des forêts relèvent le lancement de 974 projets de proximité de développement rural intégré (PPDRI) sur 2050 projets confirmés, avec l'objectif d'arriver à 12 000 projets à l'horizon 2014. Ces résultats sont loin de satisfaire le ministre Rachid Benaïssa, qui «a incité les différents acteurs à accélérer la cadence et faire leurs comptes pour qu'ils arrivent à honorer leurs engagements». «Les résultats que nous avons réalisés nous poussent à aller plus loin», a-t-il estimé, citant l'exemple de l'oléiculture où l'objectif d'arriver à un million d'hectares est à la portée de l'Algérie. A propos de la flambée des prix des fruits et légumes sur le marché national, le ministre a estimé que la situation est le résultat d'une combinaison de plusieurs facteurs et selon le type de produit. Il a évoqué le déséquilibre au niveau des circuits de distribution. Concernant les systèmes de régulation mis en place par les pouvoirs publics, M. Benaïssa a estimé que «ces dispositifs sont de création récente et leur maturité ainsi que leurs effets réels sur le marché demandent beaucoup de temps». Comment devenir un pays exportateur ? En dépit des résultats obtenus, l'agriculture algérienne est loin de constituer un secteur performant capable de relever le défi de la satisfaction des besoins nationaux et d'exporter les excédents. A titre de comparaison, les pays voisins, à l'instar du Maroc, l'agriculture constitue une source de revenus non négligeable. En matière de potentialités, grâce à la construction de nombreux barrages et à la mise en valeur d'importantes zones irriguées, le secteur des fruits et légumes permet aux populations rurales d'obtenir de très bons revenus, leur évitant de venir faire grossir les flux d'exodes en direction des centres urbains. Les récoltes permettent également d'alimenter les exportations du pays, tout en leur offrant d'importants débouchés vers l'industrie agro-alimentaire locale. Le Maroc est l'un des plus importants producteurs d'olives et d'huile d'olive. Les exportations d'agrumes sont également une des plus grandes ressources agricoles du pays. Ce pays est classé 2e exportateur mondial d'agrumes. Quant aux autres exportations maraîchères, le royaume chérifien exporte également divers produits dont la valeur ajoutée est estimée à 800 millions dollars. La gestion de l'agriculture appartient toujours à des organismes d'Etat, tels que les offices des céréales, de la pêche ou de l'huile. Des groupes privés sont également présents dans ce domaine. L'Algérie devra s'inspirer de cette expérience pour devenir un véritable grenier et permettre à ses populations de ne pas débourser des sommes importantes pour des produits qu'elles pouvaient manger à un bon prix pour ne pas dire gratuitement. La volonté politique a été clairement affichée, en ce sens que les pouvoirs publics ont décidé de mobiliser 3 milliards de dollars par an au secteur de l'agriculture.