L'Argentine de Diego Maradona peut encore tout perdre lors de son ultime match de qualification pour le Mondial 2010, ce soir en Uruguay, où elle doit au moins arracher un nul pour valider son billet pour l'Afrique du Sud. L'enjeu de cette 191e édition du plus vieux classique sud-américain, disputé pour la première fois en 1901, est simple : le vainqueur de la «bataille du Rio de la Plata» obtiendra le dernier billet sud-américain direct pour l'Afrique du Sud. Un nul suffira aussi à l'Argentine, 4e de la zone avec un point d'avance sur son voisin uruguayen (5e) et deux sur l'Equateur (6e), sauf si ce dernier réussit à gagner par au moins cinq buts d'écart au Chili (3e et déjà qualifié). Mais en cas de défaite, le sort des Argentins dépendra du résultat de l'Equateur : s'il s'impose, ils devront regarder le Mondial à la télévision, une première depuis 1970. Dans les autres cas, ils disputeront un barrage contre le 4e de la zone Concacaf (Costa Rica ou Honduras). La dernière fois que les doubles champions du monde (1978, 1986) ont dû passer ainsi par la petite porte du repêchage date de l'époque où l'entraîneur Maradona, de plus en plus critiqué, était encore joueur. C'était en 1993, et «l'albiceleste» avait difficilement dominé l'Australie (1-1/1-0). Pour éviter cette nouvelle épreuve, l'Argentine doit donc rapporter au moins un point d'Uruguay. Pas simple, quand on sait qu'elle a perdu cinq de ses huit matches disputés loin de ses terres lors de ces qualifications, pour une victoire (au Venezuela) et deux nuls. Messi montré du doigt Et après trois défaites consécutives, elle a eu la plus grande peine à battre (2-1) le Pérou, dernier du groupe, grâce à un but miraculeux du vétéran Martin Palermo (36 ans) dans le temps additionnel. Une fois de plus, l'Argentine a étalé ses carences récurrentes : défense friable, jeu incohérent, manque de sérénité. Sans oublier un Lionel Messi une nouvelle fois méconnaissable, au point qu'entraîneurs et journalistes se demandent si Maradona ne devrait pas le laisser sur le banc. Le candidat au Ballon d'or devrait cependant débuter une nouvelle fois en attaque aux côtés de l'attaquant du Real Madrid, Gonzalo Higuain, buteur pour son premier match en sélection samedi. En revanche, des changements sont encore à attendre en défense et au milieu, avec notamment le retour de suspension de Veron. En face, l'Uruguay fait lui aussi office de miraculé. Il s'est retrouvé virtuellement éliminé du Mondial 2010 en Equateur pendant deux minutes samedi, avant de renverser la vapeur et de l'emporter (2-1) grâce à un penalty de son attaquant vedette Diego Forlan dans le temps additionnel. Ce succès inespéré a regonflé le moral des supporters de la Céleste, qui ressassent encore le barrage pour le Mondial 2006 perdu contre l'Australie. Les hommes de Maradona doivent s'attendre à une chaude ambiance dans le Centenario de Montevideo, où l'Uruguay avait remporté le premier de ses deux titres mondiaux en 1930... contre l'Argentine (4-2).