Consternation et affliction ont étreint le quartier populaire de Bachdjarah, suite au décès par balle des deux jeunes adolescents Khaled Herira (25 ans) et Mourad Feraoun (28 ans). La désolation et la peine ont saisi également les membres de la famille du policier à l'origine de la mort des deux jeunes. Bien que le policier soit placé sous mandat de dépôt par le procureur de la République près la cour d'Alger, il convient, par souci d'objectivité, de revenir sur cet événement et tenter d'en cerner les origines. Quelles sont les raisons qui ont poussé le policier à armer son kalachnikov et ouvrir le feu sur les jeunes qui étaient à bord d'une Peugeot 307, et pourquoi a-t-il ciblé précisément cette voiture ? Les nombreux témoignages recueillis en catimini auprès de certains citoyens mais également auprès de policiers apportent certains détails essentiels pouvant faire la lumière sur certaines zones d'ombre entourant cette tragédie, douloureusement ressentie par les familles des jeunes et du policier. En fait, l'histoire avait commencée durant la journée lorsque, affirme un citoyen, «les deux jeunes ont été apostrophés dans la matinée par le policier, alors en faction devant la sûreté urbaine de Gué de Constantine, lequel relevant une infraction commise par le conducteur a procédé au retrait du permis de conduire». «Une brève prise de bec s'en est suivie», affirme encore ce témoin qui ajoute que «le conducteur qui n'avait pas apprécié le retrait en question s'était adonné à des propos attentatoires à l'autorité du policier en affirmant avoir des relations qui lui restitueraient son permis de conduire». Provocation et réaction du policier Bien des heures après, les deux jeunes à bord de leur véhicule ont effectué plusieurs passages devant le commissariat et plus précisément devant le policier, affirme encore un autre témoin qui précise que «les deux jeunes, exhibant le permis de conduire que leur avait restitué leur connaissance, lançaient sans aucune retenue au policier des propos régionalistes». Comme pour le narguer et sans mesurer la portée de leur acte, les deux jeunes proféraient d'une manière tonitruante au policier des propos remettant en cause son autorité. «Tu ne feras rien, retourne dans ton village espèce de cave», affirme le témoin qui, pour des raisons sécuritaires, requiert l'anonymat. D'un autre côté, des sources policières, qui également requièrent l'anonymat, indiquent que «le policier aurait subi une énorme pression de la part d'un officier, lequel d'une manière autoritaire a abondé en reproches en sa direction, et laissant transparaître un tant soit peu de népotisme, lui a reproché d'avoir procédé au retrait». Partagé entre la pression mise par cet officier et celle des deux jeunes adolescents, «le policier a montré des signes de très grande nervosité», affirment ces policiers qui n'ont pas manqué de «condamner l'acte perpétré par leur collègue». C'est, selon les témoignages recueillis, ce concours de circonstances a suscité et exacerbé «l'humeur meurtrière du policier qui, dans un moment d'égarement, a ouvert le feu sur les deux jeunes alors qu'ils effectuaient un autre passage devant lui vers 22h30». Ceci étant, les témoignages de ces citoyens et policiers relancent le débat sur l'interventionnisme pratiqué au niveau de cette institution en proie à des turbulences découlant, entre autres, du recours aux lettres anonymes et fondé sur des considérations népotiques ou de copinage. Pour revenir au drame ressenti douloureusement et simultanément par les deux familles des jeunes et du policier, les versions relatées par les témoins mettent en relief l'aspect relationnel entretenu entre la base et le sommet de cette institution et jettent le doute sur la partialité des mesures prises en direction des policiers.