Le député de Tlemcen, Mohamed Benhammou, a décidé d'abandonner le combat qu'il a mené depuis plusieurs mois contre la direction du Front national algérien (FNA), conduite par Moussa Touati. Refusant de jouer les trouble-fête, M. Benhammou a finalement opté pour la création d'un nouveau parti qui s'ajoute aux cinq formations qui attendent le quitus du département de M. Zerhouni. La nouvelle formation politique s'appellera El Karama, en référence, sans doute, au slogan de campagne du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, «Djazaïr El Aizza oua El Karama», sachant que le dissident du FNA n'a jamais caché son soutien aux orientations politiques du chef de l'Etat. Un soutien assumé clairement lors du vote par les députés, le 12 novembre 2008, de la nouvelle Constitution. «Le conflit avec le président du FNA a commencé le jour où il a demandé aux députés du parti de voter contre la nouvelle Constitution», a indiqué M. Benhammou qui a voté «oui» aux amendements apportés au texte fondamental du pays. Une attitude qu'il explique par sa volonté de participer à la construction du pays. «Moi, je ne fais pas de politique pour le plaisir, mais je veux être utile à la société algérienne», précise notre interlocuteur qui accuse Moussa Touati de faire de «l'opposition pour l'opposition». La décision de créer un nouveau cadre politique est prise, explique M. Benhammou, pour remédier à la défaillance de la classe politique traditionnelle. «La société souffre à cause de la démission des partis qui ne sont intéressés, en réalité, que par le business», accuse le député de Tlemcen. «Les partis n'apparaissent qu'à l'occasion des rendez-vous électoraux», ajoute celui qui ne veut pas perdre son temps ni faire perdre aux Algériens leur temps. «C'est pour cette raison que j'ai quitté le FNA», indique notre interlocuteur. Le parti aux «cinq piliers» Composé de cinéastes, comédiens, sportifs, artistes, juristes, enfants de moudjahidine et militants du FNA, El Karama est «un parti qui repose sur cinq piliers», selon son fondateur. Il s'agit de la jeunesse, du travail, de l'environnement, du savoir et, enfin, de la citoyenneté. A la question de savoir si les députés du FNA vont rejoindre la nouvelle formation, M. Benhammou explique que les parlementaires ne savent pas ce qu'ils veulent, affirmant, par ailleurs, que pas moins de 100 députés rejoindront les rangs de son parti… plus tard. La réunion constitutive du nouveau parti se tiendra, selon M. Benhammou, entre le 15 et 20 novembre à Alger. Sur le fonctionnement d'El Karama, son fondateur affirme qu'il sera collégial. «Toutes les décisions du parti seront prises après concertation avec les militants», indique M. Benhammou qui promet d'être un «manager» et non un «chef». Mohamed Saïd adresse une lettre de rappel à Zerhouni Durant l'année 2009, trois nouveaux partis ont vu le jour : le Parti de la liberté et de la justice (PLJ) fondé par Mohamed Saïd, candidat malheureux au dernier scrutin présidentiel, le Mouvement pour la prédication et le changement (MPC), créé par Abdelmadjid Menasra et les dissidents du MSP, qui n'ont pas encore déposé le dossier d'agrément et, enfin, El Karama. Auparavant, trois autres formations politiques ont été créées. Il s'agit du parti Wafa du Dr Ahmed Taleb Ibrahimi, ancien ministre des Affaires étrangères, du Front démocratique (FD) de l'ancien Premier ministre Sid Ahmed Ghozali, et de l'Union pour la démocratie et la République (UDR) de l'ancien ministre de la Santé, Amara Benyounès. Contacté hier, M. Mohamed Saïd affirme avoir adressé, il y a dix jours, une lettre au ministère de l'Intérieur pour demander des explications sur le sort qu'il réserve à la demande d'agrément du PLJ qui date du 19 mai. Après l'expiration du délai légal pour l'étude de la demande de déclaration constitutive du parti le 19 juillet, Mohamed Saïd a rappelé dans un communiqué que la loi sur les partis politiques n'accorde au ministère de l'Intérieur que 60 jours de délai à partir de la date de dépôt du dossier. Le ministère de l'Intérieur a demandé un complément de dossier et un délai supplémentaire pour son étude. «Trois mois après, nous attendons toujours la réponse du ministère de l'Intérieur», déplore notre interlocuteur qui inscrit ce retard dans les annales de la bureaucratie de l'administration algérienne. Le président du PLJ ne perd toutefois pas espoir.