Un nouveau traitement de la maladie de Parkinson par le biais d'une thérapie génique est actuellement en cours d'expérimentation chez l'homme. Cet essai découle des résultats encourageants d'études préliminaires menées chez le primate. Ceux-ci ont été présentés sur le site de la revue Science Translational Medicine, par l'équipe du professeur Stéphane Palfi (CNRS/CEA, hôpital Henri Mondor, Créteil) associée à des chercheurs de la société de biotechnologie britannique Oxford Medica. Deuxième affection neurodégénérative la plus fréquente après la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson se traduit par des troubles moteurs de sévérité croissante, avec des tremblements, une rigidité des membres et une diminution des déplacements. Elle résulte d'une dégénérescence des neurones cérébraux qui produisent la dopamine, neurotransmetteur indispensable au contrôle des mouvements. L'administration d'un traitement par la L-dopa, un précurseur de la dopamine, pour combler ce déficit, tout comme la greffe de neurones d'embryons, ne donnent pas des résultats suffisamment bons sur le long terme. Une équipe américaine, associée à la société Genzyme, a déjà testé sur l'homme une thérapie génique utilisant un virus comme vecteur d'un seul gène, avec une efficacité qui reste à confirmer. Pas d'effets indésirables, d'où l'idée de Stéphane Palfi et de ses collaborateurs d'utiliser un vecteur viral pour faire s'exprimer dans le cerveau non pas un, mais trois gènes permettant d'assurer la production de dopamine de manière continue. «Au cours d'un essai chez le primate avec un groupe contrôle, nous avons démontré que ce concept pouvait marcher. Nous utilisons comme vecteur un virus d'origine équine, capable de transporter les trois gènes et nous l'injectons dans le striatum», la région du cerveau où la dopamine manque le plus au cours de la maladie de Parkinson. Les chercheurs ont utilisé comme modèles des macaques qui développent la maladie de Parkinson, après administration d'une toxine, et qui souffrent des mêmes effets indésirables observés lors du traitement par la L-dopa (anomalies du mouvement) chez l'homme. «Les primates récupéraient dès la deuxième semaine après la thérapie génique, et nous avons vérifié que ce bon résultat était conservé avec un recul de 44 mois, avec en particulier l'absence des effets indésirables de la L-dopa», indique le chercheur. Les trois gènes permettent à la fois la production de dopamine et la conversion de la L-dopa en dopamine. «Leur production de dopamine représente 50% de la production normale. Dans la maladie de Parkinson, les symptômes apparaissent lorsque 70% des neurones produisant de la dopamine sont détruits», remarque Stéphane Palfi. Toujours associée à Oxford Medica, l'équipe a obtenu des autorités le feu vert pour procéder à un essai clinique. Un premier patient a été opéré en mars 2008. Cinq autres ont suivi, toujours avec les mêmes résultats en termes de tolérance de la thérapie. Les premières observations, non publiées à ce jour, montrent une amélioration des symptômes, mais un nouvel essai, dit de phase 2, permettra d'évaluer l'efficacité de ce traitement chez l'homme.