Les lacunes enregistrées dans l'organisation de l'exportation hors hydrocarbures ont été relevées jeudi, lors d'une rencontre organisée par la direction de la PME et de l'artisanat en collaboration avec la Chambre de commerce et d'industrie Rhumel (CCIR) à Constantine. Mohamed Benini, directeur général de l'Agence algérienne de promotion du commerce extérieur (Algex), a souligné le problème de la maîtrise de l'information et de la réglementation qui régit cette activité, notamment par les organismes de l'administration et les établissements bancaires. Il a indiqué également que l'exportation hors hydrocarbures a été lésée par les représentations diplomatiques algériennes à l'étranger et les organismes spécialisés qui «n'agissent pas dans le sens de la diffusion de l'information et n'assurent pas l'accompagnement nécessaire aux entreprises qui souhaitent activer ou élargir leur potentiel dans ce secteur». Ces contraintes ayant défavorisé les entreprises exportatrices des produits hors pétrole s'ajoutent à d'autres problèmes relatifs aux pratiques de l'administration, qui ne permet pas une bonne promotion de ce créneau. Une situation qui nécessite, selon l'intervenant, une mise à niveau de tous les organismes qui entrent dans le processus d'exportation avec comme élément principal la maîtrise de l'information et de la réglementation en vigueur dans ce contexte. Le conférencier a souligné la faiblesse de cette activité qui ne dépasse toujours pas les 2,6% de la totalité des exportations qu'assure notre pays. Pour parer à cette situation, le directeur de l'Algex pense intégrer le volet de la formation dans les activités qu'assure son organisme. «Algex va former des personnels qualifiés et des professionnels pour l'accompagnement et le suivi des exportateurs hors hydrocarbures», a-t-il indiqué lors de sa communication. Ceci s'ajoute à la mise à niveau des opérateurs économiques et à la promotion du marché local. «C'est dans un marché local bien structuré et performant que l'on apprend les règles de la performance sur le marché extérieur», a-t-il ajouté. Le conférencier estime que cette mise à niveau est indispensable dans la mesure où elle renforce les chances de l'Algérie de réussir ces opérations. «Un grand travail reste à faire en matière de qualité, de mise aux normes de l'hygiène, de la traçabilité et du conditionnement pour multiplier les chances de réussite de cette activité, notamment dans des domaines qui sont à la portée comme les produits agricoles frais, l'agroalimentaire et les produits spécifiques et l'artisanat», dira M. Benini, précisant que les pouvoirs publics prévoit la création d'un centre d'appui et de prise en charge de ce créneau. OMC : il faut y aller doucement A propos de l'exportation vers l'Europe, M. Benini a expliqué que cette activité existe depuis 1976 et que tous les produits exportés vers ce continent sont exonérés de taxes douanières «sans que cela ne soit un facteur favorisant et encourageant cette activité tout comme l'accord d'association avec l'UE entré en vigueur en 2005 qui n'a pas participé à changer les choses», a-t-il souligné. Pour M. Benini, l'Algérie doit changer sa priorité en s'orientant vers l'investissement national avant de s'orienter vers le marché international. Il a appelé, dans ce contexte, à ne pas trop accélérer le processus de négociation avec l'OMC. «Nous ne gagnons pas à ouvrir notre marché sans avoir grand-chose à offrir au marché extérieur», a-t-il résumé. M. Benini table sur l'intensification des échanges avec les pays du Maghreb «où les marchés sont des prolongements naturels les uns des autres, verraient leur PIB doubler et leur taux de croissance augmenter de plus de 3% si les échanges se faisaient normalement entre eux», a-t-il soutenu. M. Saim a expliqué, pour sa part, le rôle de la Cagex et des différentes polices d'assurances à l'exportation et d'assurance-crédit offertes par cet organisme. Il a insisté sur l'avantage que représente l'assurance sur l'exportation, «surtout en cette période de crise où l'on a vu des empires financiers s'écrouler du jour au lendemain». Il a signalé dans ce sens qu'une faillite sur trois dans le monde est causée par de mauvais payeurs et souligné que 50% des non-paiements sont causés par des clients stables et reconnus. Même si officiellement la Cagex est une EPE régie par les règles économiques, «nous sacrifions souvent les aspects liés au chiffre d'affaires pour accompagner et assister les exportateurs à pénétrer le marché extérieur», a-t-il affirmé, ajoutant que la Cagex, qui compte aujourd'hui parmi ses partenaires de très grands groupes mondiaux et qui est affiliée à un syndicat international comptant plus de 65 millions d'adhérents, est devenue un précieux instrument de surveillance et d'information au service des exportateurs algériens.