Deux journées de travail et d'études ont été organisées, ainsi qu'une caravane de sensibilisation, durant deux jours, hier et avant-hier, par des agents et des officiers de la direction de la Protection civile de Tizi Ouzou, à la salle de cinéma de la ville de Draâ Ben Khedda. Ces journées ont porté sur les mesures à prendre en cas de risques d'inondations. Pour la première journée qui s'est déroulée en présence des maires et des chefs de daïra des communes de Béni Douala, Maatkas, Draâ Ben Khedda et Tizi Ouzou, le lieutenant Ami Saïda a développé plusieurs thèmes devant une assistance nombreuse. Il dira, en substance, à propos des phénomènes d'inondations qui touchent certaines localités de la wilaya de Tizi Ouzou en période hivernale, «ce n'est pas une fatalité, il suffit de connaître le phénomène pour mieux le gérer», en exhortant les responsables et les élus locaux à prendre au sérieux les BMS et anticiper les choses afin, au moins, de limiter les dégâts, qu'ils soient matériels ou surtout humains. Ce qu'il appelle d'ailleurs, pour étayer ses dires, la culture des risques qui devrait être inculquée graduellement à la société. Plusieurs autres points ont été aussi évoqués, à l'image de l'historicité et l'impact de risque, l'élaboration des cartes de risques Inondations au niveau de chaque commune, l'exploitation des plans Orsec communaux et l'identification des moyens adéquats et spécifiques pour chaque risque, et enfin, la prise en charge des sinistrés. Ceci sans oublier la sensibilisation des P/APC sur la nécessité de la mise en place d'un plan d'assistance mutuelle, etc. Cette caravane sillonnera plusieurs chefs-lieux de daïras de Tizi Ouzou, durant presque un mois. Elle touchera, d'ici la fin du mois, plus de 21 communes de la wilaya. Par ailleurs, d'après les organisateurs de cette manifestation de sensibilisation, la densité de la population dans cette wilaya du centre du pays, qui est estimée, faut-il le signaler, à 429 habitants par mètre carré, augmente le nombre de victimes potentielles et de pertes humaines en cas de catastrophe naturelle. En plus du relief accidenté qui n'arrange guère les choses, 80% du territoire de la wilaya de Tizi Ouzou sont montagneux, dont 15% sont constitués de collines argileuses. Quant aux plaines, leur superficie est quasiment insignifiante, puisqu'elles ne représentent que 5% de la superficie totale. Le taux de la pluviométrie, jugé très élevé, est aussi un autre facteur de risques d'inondations. 600 à 1000 millimètres en moyenne sont enregistrés entre le mois de novembre et le mois d'avril. Plus de 77 barrages et retenues d'eau existent à travers la wilaya. Ce qui représente un danger en cas de débordement. Le conférencier n'a pas omis de citer certains cas d'inondations à l'instar du débordement de la retenue d'eau de Draâ Ben Khedda en 2007. 130 familles ont été sinistrées suite aux inondations de 2002. En 2006 aussi, pas moins de 6 personnes sont décédées suite à des pluies torrentielles qui ont duré plus d'une semaine. Sans oublier les chutes de neige de 2004 qui ont fait 4 morts. Les multiplications de catastrophes naturelles, ces dernières années, donnent à réfléchir aux responsables de la Protection civile qui à leur tour ne demandent que la mise en place d'un travail de coordination avec les autres responsables locaux, en fusionnant leurs efforts pour limiter, et pourquoi pas éradiquer, les pertes en vies humaines. À l'orée de la saison des pluies, cette louable initiative n'est qu'à saluer. Puisqu'elle tient en premier lieu à sensibiliser nos responsables à prendre au sérieux et avec plus d'attention les catastrophes naturelles qui endeuillent des familles chaque année.
Quatorze daïras classées à risques Il est vrai que le risque d'inondations, de glissements de terrains, comme c'est le cas à Aïn El Hammam et Boudjima, sont autant de facteurs qui sont là, pendants comme l'épée de Damoclès. La menace plane toujours au dessus des têtes. Les appréhensions sont telles que les moindres précipitations font craindre le pire. La rencontre d'avant-hier initiée par la Protection civile est ainsi venue à point nommé pour atténuer un tant soit peu ces appréhensions surtout que selon un point de situation établi au début de l'année dernière, il est fait état que dans la wilaya de Tizi Ouzou, les risques d'inondations menacent régulièrement 14 daïras sur les vingt et une que compte la wilaya. En tout, il a été recensé 43 sites susceptibles de connaître une catastrophe. 13 d'entre eux ont été répertoriés au chef-lieu de Tizi Ouzou dont le boulevard Krim Belkacem et le Carrefour du 20 Avril qui présentent des caractéristiques propres comme le cumul des eaux autour du premier site et un terrain sous forme de cuvette pour le deuxième. Dans la même localité, le site du boulevard Chabane situé sur la RN12 a été pris en charge durant l'été dernier par l'évacuation des eaux de pluie. Mais le problème persiste dès qu'il pleut. En effet au début du mois en cours, les habitants du boulevard Krim Belkacem avaient procédé à la fermeture de cet important axe routier pour justement manifester leur mécontentement suite aux dégâts causés par les premières pluies. Ils ont exigé à ce que les eaux de pluie soient évacuées. Les oueds pour leur part constituent des menaces en cas de crues. Ces menaces concernent, entre autres, le Sébaou, Oued Boubhir, Oued Djemaâ et Oued Bougdoura dont les crues menacent plusieurs habitations et causent des dommages importants aux axes routiers, aux ponts et aux écoles avec en sus des menaces de glissements de terrains qui peuvent parfois être fatals. Les régions les plus vulnérables sont les deux villes côtières Tigzirt et Azeffoun. Plusieurs régions vivent sous une constante menace. Les mesures «louées» au gré des intentions des uns et des autres ne semblent pas être suivies d'effet. Résultat : on risque d'assister à de véritables catastrophes car tous les ingrédients sont réunis faute d'une gestion rationnelle et du manque d'aménagement conjugués aux retards et aux lenteurs dans la réalisation des projets.