Hamid Grine signe une authentique comédie aux accents shakespeariens. L'auteur fabuleux portraitiste cisèle à son gré ses personnages et fait croiser leurs destins dans une spirale infernale qui les broie. S'agit-il d'un pamphlet du monde des médias et d'un réquisitoire sur la profession de journaliste que nous livre le nouveau cru littéraire de Hamid Grine pour cette rentrée ? Il ne fera pas long feu édité aux éditions Alpha nous introduit dans le monde intransigeant des médias et des professionnels de la communication. La trame du roman est bâtie sur l'histoire banale de Hassoud, un patron de presse d'une feuille de chou qui, rongé par une démesurante ambition perd contact avec la réalité à la manière d'un schizophrène. Nombriliste à souhait, il se voit ministre présidant à la destinée du pays. Comme sa vie conjugale est un désastre, il s'adonne à son hobby favori, collectionner à son tableau de chasse des maîtresses comme Nassima et Assia qu'il séduit en les harcelant et en leur faisant miroiter des promotions. Parallèlement, Nafissa, sa femme insatisfaite, se livre à des jeux libertins avec son red chef qui lui fait des pieds de nez.
Un éditeur chez une cartomancienne Infatué, orgueilleux et obtus, ce patron de presse, pénètre les arcanes du monde de l'argent sale et douteux et croit jongler avec ces parvenus sans scrupules. Dédaigneux et arrogant, il méprise les petites gens et roule des mécaniques avec son 4/4 et joue au prodigue avec l'appariteur et la femme de ménage. Dans ce sale magma qu'est son univers, la cartomancienne a une place de choix. Elle gère sa vie au gré des vapeurs du brasero et des incantations sibyllines et absconses afin qu'il obtienne des avantages. Son rôle en sa qualité de directeur de journal n'est pas d'écrire dans son canard mais d'afficher une solide assurance, de justifier la corruption et d'absoudre les délits. Maître chanteur dans l'âme, il ficelle des dossiers diffamants contre d'importants opérateurs économiques pour leur soutirer des faveurs et libéralités. Ce qui présidera à sa perte et Hassoud connaîtra l'enfer du monde carcéral. L'auteur aime jouer avec ses personnages L'écrivain qui a à son actif plusieurs romans, imprime à son personnage central du mépris et de la haine. Hamid Grine qui a bâti cette virtuose intrigue est un conteur hors pair. C'est un roman superbement bien troussé par le narrateur qui aime jouer avec ses personnages dont le principal. De cette satire sociale matinée de clins d'œil aux bouseux devenus parvenus, l'auteur entreprend un portrait de cette société et de cette profession corrompues par l'argent, alors que les valeurs morales ont pris la clé des champs. Pour le profane comme pour les professionnels de l'information, la lecture de cet ouvrage donne l'impression du déjà vu, et nous rappelle certains pseudo patrons de presse ! Aussi, très astucieux, l'auteur en fin observateur et en habile gentleman a signifié que toute ressemblance n'est que pur hasard ! Dans Il ne fera pas long feu, l'écrivain brocarde les parvenus, titille l'ego des gueux et bouscule certaines vérités et conventions. Hamid Grine journaliste dans l'âme contourne ses désillusions pour dire des vérités dérangeantes sur ce métier, sur l'argent, et le pouvoir. Qui a dit que ce beau métier est une profession de foi ! A méditer !