Les amateurs de contes et légendes tels que narrés aux enfants par des cantatrices de Kabylie pour meubler les longues nuits hivernales sont conviés à voyager dans ce monde fabuleux, à la faveur du festival des arts du récit et du conte Le Grain Magique qui se tient à Tizi Ouzou. Organisée pour la 4e fois consécutive par l'Association de wilaya des arts du récit et du conte (Awarc), en hommage à la célèbre cantatrice Taos Amrouche, auteur d'un recueil de contes Le grain magique, cette manifestation se veut être «une contribution à la resocialisation du conte, qui accuse un repli face à la télévision et autres gadgets électroniques adoptés par les enfants», a indiqué M. Bouamari Tayeb, président de l'Association et comédien conteur de son état. Explicitant le but recherché par ce festival qui se tient du 1er au 5 novembre, il a estimé que «la réussite des précédentes éditions qui ont drainé un vaste auditoire en quête de ressourcement à la culture ancestrale, nous a incité à consolider les traditions de la pratique du conte, par sa valorisation comme vecteur culturel de choix et sa remise au goût du jour, pour lui permettre de reconquérir sa place au sein de la société, pour assumer son rôle éducatif et moralisateur qu'il jouait auparavant». Une vingtaine de spectacles (contes et récits) puisés du terroir et du patrimoine universel seront interprétés, dans un style théâtral envoûtant, par des conteurs comédiens et des conteurs clowns venus des quatre coins du pays et de France. Selon le programme, les scènes ont pour cadre la maison de la culture, des structures juvéniles, des établissements éducatifs implantés à Tizi Ouzou, Draâ Ben Khedda, Aït Yahia Moussa et Sidi Naâmane. Un substrat culturel commun Cette série de contes narrés selon le mode opératoire immuable, débutant toujours par la formule incantatoire «Que mon conte soit beau et se déroule comme un fil», a été entamée dimanche à la salle de théâtre de la maison de la culture par la présentation d'un récit sur la guerre de libération nationale par un comédien conteur de Baraki (Alger), Hocine Nader, qui a relaté l'histoire du «petit Omar», dont le courage a permis de sauver des moudjahidine de la mort, en réussissant à mettre à l'abri la liste de leurs noms que lui avait transmise un combattant de l'ALN blessé et poursuivi par l'ennemi. La vache des orphelins est le titre du conte qui a été narré par le conteur Mahi de Sidi Abbès, et traitant du thème récurrent de la violence contre les enfants, à travers l'histoire des souffrances endurées par deux frères orphelins du fait des agissements de leur marâtre à leur égard. «Ce conte, qui m'a été raconté durant mon enfance par ma mère, très connu dans la région de la Mekerra, est d'une similitude frappante avec la version écrite par Taos Amrouche dans son livre Le Grain magique», a déclaré M. Mahi à l'APS, fait signifiant, selon lui, que «les régions du pays ont un substrat culturel commun, en dépit de la différence des formes de son expression. Les conteurs troubadour, à l'instar de Si Moh U M'hand, ont joué un rôle très important dans la transmission et la diffusion de ce patrimoine à travers le territoire national». Cette manifestation, subventionnée par le ministère de la Culture, sera clôturée jeudi à la salle de théâtre de la maison de la culture, par une nouba des festivaliers qui auront à se relayer sur la scène pour narrer collectivement une série de contes et de récits, ont signalé les organisateurs.