La wilaya de Tizi Ouzou est-elle condamnée à résumer la chose culturelle à l'organisation de quelques fêtes, qu'elles soient de dimension nationale ou locale, comme celles de la poterie à Maâtkas, du bijou à Beni Yenni, du couscous à Frikat, du tapis à Aït Hicham et des festivals, à l'instar de celui de la danse folklorique ? C'est peut-être le cas, estiment les hommes de culture, pour la simple raison que, juste après, on range la chose culturelle dans un tiroir en attendant les prochaines éditions qui, parfois, ne sont pas organisées faute de moyens et d'infrastructures à même de les abriter. L'indisponibilité de sources de financement fait que le secteur de la culture est le parent pauvre de toute la région. En témoigne le montant alloué au secteur de la culture dans le budget supplémentaire adopté par l'assemblée populaire de wilaya la semaine dernière. L'enveloppe globale attribuée à ce secteur n'est que de 5 millions de dinars. Même dans le budget supplémentaire de l'exercice précédent, seulement 7,47% du montant global lui ont été destinés. Cette enveloppe a été destinée exclusivement à l'étude, la réalisation et l'équipement de 3 bibliothèques et l'acquisition d'ouvrages ainsi que l'étude et l'aménagement du théâtre en plein air de la maison de la culture Mouloud Mammeri. La wilaya de Tizi Ouzou, en dépit des innombrables et énormes potentialités dont elle dispose, plus particulièrement sur le plan humain, demeure une région où les infrastructures culturelles restent insuffisantes pour répondre aux aspirations de nombreux talents qui ne demandent qu'à s'épanouir et devenir un jour les dignes ambassadeurs de notre culture. L'insignifiante infrastructure existante, conjuguée à l'inexistence de toute politique culturelle digne de ce nom, notamment en matière de formation, font que les populations s'acculturent et déculturent en même temps. En matière d'infrastructures justement, la wilaya dispose seulement de 28 centres culturels qui ne fonctionnent qu'à l'à peu près et comme ils peuvent, de seize salles de cinéma dont la majorité est fermée, seule celle de la maison de la culture Mouloud Mammeri fait encore des projections, d'un théâtre régional (Kateb Yacine) en chantier depuis plusieurs années, et d'une école régionale des beaux-arts toujours en proie à des problèmes qui n'en finissent pas. C'est le cas pour son extension qui se trouve toujours bloqué. En dix années, les réalisations témoignent du mal qui ronge ce secteur en constante déstructuration. Tout au long de cette période, ces réalisations se résument à deux bibliothèques dans le cadre du programme sectoriel déconcentré, d'un seul et unique centre culturel, de la réalisation d'une annexe de la bibliothèque nationale toujours en construction et de soixante-deux bibliothèques communales dans le cadre du FCCL et de bien maigres autres réalisations. Cependant, on parle du renforcement du patrimoine déjà existant. On croit savoir qu'à l'horizon 2013 il est question de réaliser une salle de spectacles de 6000 places, d'un musée national, de trois théâtres de verdure, d'une cinémathèque et d'une école de musique. Mais entre-temps, c'est toute l'activité culturelle qui est en veilleuse. On ne peut parler d'une activité culturelle proprement dite dans une ville comme Tizi Ouzou où il n'existe qu'une seule galerie d'art ouverte par une particulière afin de permettre, notamment aux artistes peintres, de faire des vernissages.