Les effets spectaculaires du lithium sur la psychose maniaco-dépressive pour un certain nombre de malades (mais pas tous) ont été découverts dans les années 1970. Cette molécule reste pourtant insuffisamment prescrite, notamment parce qu'elle est un peu difficile à manier. «Les doses thérapeutiques ne sont pas très éloignées des doses toxiques, ajoute le Pr Henry. Il faut surveiller régulièrement les patients. Par ailleurs, la pression marketing des firmes incite les médecins à prescrire de nouveaux médicaments, plus faciles à gérer, mais apparemment moins efficaces. Les patients qui répondent bien au lithium voient vraiment leur vie changer, avec une régression des phases de manie et de dépression, voire une disparition pour certains. Toutes les méta-analyses montrent que le lithium réduit le taux de suicides et d'hospitalisation chez des malades souffrant de troubles bipolaires. Dans l'étude Balance, un nombre important de patients n'a pas du tout rechuté.» Le lithium, commercialisé en France sous le nom de Téralithe, est un produit dont le brevet est passé dans le domaine public et qui n'est pas rentable pour les firmes. Mal dosé, il provoque une soif intense et un risque d'atteinte rénale et thyroïdienne. La difficulté de la prise en charge tient aussi au retard mis à diagnostiquer cette affection, surtout dans les formes moins typiques. «L'étude Balance vient confirmer qu'aujourd'hui le lithium reste le traitement de choix des troubles bipolaires», conclut le professeur Chantal Henry.