La «prudence» était justifiée face au nouveau virus H1N1, selon Mme Margaret Chan, la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé, pour qui il est encore trop tôt pour «crier victoire» dans la lutte contre la 1re pandémie du XXIe siècle. «Il est trop tôt pour affirmer que l'on a passé le pic de la pandémie de grippe A au niveau mondial», a déclaré Mme Chan dans une interview publiée hier par le quotidien suisse Le Temps. «Dans certains pays de l'hémisphère nord comme le Canada et les Etats-Unis, on a passé le pic de la deuxième vague de la pandémie. Mais tous les pays n'en sont pas là. L'hiver est encore long», a commenté la directrice de l'OMS. «Il faut rester prudent et observer l'évolution de la pandémie au cours des six à douze prochains mois avant de crier victoire», a-t-elle averti en estimant qu'il ne sera pas possible de tirer un bilan de l'impact du virus H1N1 «avant deux ans». Interrogée sur les critiques contre l'OMS, accusée parfois d'avoir été trop alarmiste, Mme Chan a justifié «l'attitude très prudente» de son organisation face à cette «première pandémie depuis quatre décennies». L'OMS n'est «influencée ni par des pays, ni par l'industrie» pharmaceutique à l'heure de prendre des décisions, a-t-elle assuré. Soulignant qu'il s'agissait d'un «nouveau virus (qui) se propageait de façon durable dans plus de deux régions du monde», la directrice de l'OMS a fait valoir qu'elle avait consulté «des virologues, épidémiologistes et experts de santé publique» avant de déclarer l'état de pandémie en juin dernier. «En termes de communication», a toutefois reconnu Mme Chan, «il y a eu un grand écart entre les attentes et la réalité». Tout le monde s'attendait à ce que la prochaine pandémie soit déclenchée par le virus aviaire H5N1 qui tue 60% des personnes infectées. Elle l'a été par un virus plus bénin». Le monde n'est en revanche toujours «pas prêt du tout» à faire face à une pandémie de grippe aviaire, a déclaré «sans hésitation» la directrice de l'OMS. «Je souhaite vraiment que le monde n'ait jamais à affronter une pandémie de grippe aviaire», a-t-elle lancé. Le virus A/H1N1, signalé pour la première fois fin mars 2009 au Mexique, a fait à ce jour «près de 12 000 morts au niveau mondial», a indiqué Mme Chan, en soulignant qu'il s'agit d'une «estimation approximative».