Comme dirait Antar Yahia, hier en fin de partie face à la redoutable équipe de la Côte d'Ivoire, l'Algérie ne s'est pas qualifiée par hasard pour le Mondial sud-africain. S'il est une preuve irréfutable de ce point de vue qu'aucun expert sportif ou journaliste ne conteste sur la valeur de l'équipe de Saâdane, c'est bien sa victoire sur le grand favori de cette Coupe d'Afrique des nations qui est suivie à l'étranger comme jamais une telle compétition africaine ne l'aura été à ce jour. Une victoire propre, nette et sans improvisation face à un adversaire que pas mal d'équipes mondialistes d'Europe ont souhaité ne pas rencontrer sur leur chemin. Si personne ne doutait de la valeur de nos joueurs qui, individuellement, n'ont rien à envier à Drogba et ses camarades, surtout après avoir opposé une rencontre de haut niveau face au Mali – une autre nation du football de haute compétition – il y avait au fond de nous un certain réalisme qui nous obligeait à plus de retenue. Et puis, l'infirmerie affichait complet. Pourtant, le moral des joueurs était toujours au top. Avec beaucoup de fair-play et la retenue légendaire des grands, Karim Ziani et ses co-équipiers ne font jamais dans la suffisance, mais rassurent : «Nous ne craignons aucune équipe.» Voilà pour le côté psychologique qui, comme on l'aura vu, non pas depuis la partie face à la Côte d'Ivoire mais depuis les éliminatoire jumelées Coupe d'Afrique-Coupe du monde, a été l'atout majeur des Verts. Sur les plans technique et tactique, l'Algérie a fourni un match plein, un sans faute. Une fois de plus, elle a encaissé un but dès les premières minutes de jeu, ce qui, faute de l'excellent travail psychologique qui a été fait par l'entraîneur, aurait pu tourner à la catastrophe pour n'importe quelle équipe qui aurait cherché à se racheter. Calmement, sereinement, méthodiquement, les Verts sont rentrés plus profondément dans le match. L'égalisation par Karim Matmour fut cette juste récompense à laquelle tout le monde croyait. On a perdu, un moment, l'espoir de passer aux demi-finales lorsque Keita a redonné l'avantage à son équipe. On a cru la partie terminée à quelques minutes de la fin du temps réglementaire. Non pas les Verts. La joie des Ivoiriens ne sera que de très courte durée. Celle des Algériens ne faisait alors que commencer. Bouazza et Majic et tous leurs camarades sans aucune exception, en artistes, sauront gérer admirablement les prolongations. Nous offrir du beau football. Quand l'excellent arbitre seychellois – qui nous a porté chance par sa rigueur et son professionnalisme, déjà au Soudan – sifflera la fin de la partie, la fête, elle, commençait pour les Algériens. Aucune place au hasard. L'Algérie sait élever le niveau de son football lorsqu'elle est confrontées aux grandes équipes. Face au Brésil, à l'Argentine, à l'Egypte, à la Côte d'Ivoire ou au Mali, elle a prouvé qu'elle ne fait pas dans l'improvisation ou le bricolage. «On joue pour faire honneur à l'Algérie». Le sentiment patriotique bien dosé, serein et fondé, est encore l'autre atout irremplaçable entre les mains des Verts. Il faut entendre Antar Yahia l'exprimer dans un mélange d'accent arabo-beur pour s'en convaincre.