L'ancienne tour de contrôle des Verts des années 80, Noureddine Korichi, émet une certaine réserve par rapport à cette finale face à l'Egypte. Il pense toutefois que l'Algérie a un bon coup à jouer pour remporter son deuxième trophée africain. Après un début catastrophique dans la CAN, avec ce fameux 3-0 concédé face au Malawi, l'équipe nationale a réussi à se transcender, allant même jusqu'à gagner son billet pour la demi-finale. Honnêtement, vous attendiez-vous à ce parcours de la part des Verts ? Je suis tout sauf surpris. Si vous avez suivi mes dernières interventions un peu partout dans la presse avant la CAN, j'ai toujours dit que cette équipe évoluait à 50 ou 60% de son potentiel. Le fait que cette équipe possédait une assise défensive très solide augurait de bon. En plus, elle possède des joueurs avec un fort mental et une envie de bien faire même si la chaleur torride et l'humidité suffocante qui caractérisaient leur premier match face au Malawi leur a joué un mauvais tour. Mais on peut dire que depuis ce fameux match du Malawi, notre équipe nationale a pu trouver un équilibre comme elle l'a démontré face à la Côte d'Ivoire. Elle s'est non seulement appuyée sur son bloc défensif, mais elle a surtout produit du jeu. Et quand on produit du jeu, on finit par créer beaucoup d'occasions de buts. On a réussi à marquer trois buts, on pouvait même en mettre plus aux Ivoiriens, mais le plus important dans un tournoi est de gagner, et on l'a fait haut la main. Notre objectif est a présent atteint. Donc, selon vous, l'Algérie a d'ores et déjà réussi sa CAN quel que soit le résultat de sa demi-finale face à l'Egypte ? Absolument. D'ailleurs, j'ai déjà déclaré que si l'Algérie parvient à atteindre le dernier carré elle aura réussi sa CAN. Maintenant que cet objectif est atteint, le reste n'est que du bonus. En parlant de ce match contre l'Egypte, qui est la quatrième confrontation entre les deux nations en l'espace de six mois environ, comment vous le voyez en tant que technicien et ancien joueur international ? En toute sincérité, je n'ai pas voulu qu'on tombe sur l'Egypte. J'aurais plutôt aimé qu'on hérite du Cameroun. D'abord parce que je voulais qu'on se venge des Camerounais qui nous avaient éliminés dans les tirs au but à ce même stade de la compétition lors de la CAN 84. Et puis je pense que cette actuelle équipe d'Egypte est très solide par rapport à celle qu'on avait croisé dans les derniers éliminatoires. Craignez-vous l'Egypte ? Oui, je la crains parce que l'Egypte est l'équipe la plus régulière de la CAN avec ses quatre matches remportés et ses neuf buts marqués contre deux encaissés. Il faut reconnaître qu'elle a montré le plus beau football depuis le début du tournoi. Donc c'est pourquoi je m'en méfie même si je reste persuadé à la fois qu'on peut les rebattre comme à Khartoum. Car après tout nous possédons des joueurs avec de grandes qualités techniques et mentales. Mais le fait qu'on les ait éliminés du Mondial nous permet d'avoir un net ascendant psychologique sur eux, non ? Oui, mais l'Egypte n'est plus la même équipe. Je ne dis pas qu'elle est beaucoup plus forte, mais il n'y a pas mal de nouveaux joueurs qui ont intégré cette sélection et qui n'ont rien à perdre dans ce tournoi et qui vont jouer ce match avec une fraîcheur mentale. Ils seront avides de revanche pour prouver à tout leur peuple que le match d'Oum Dorman était un accident. Donc ça va être un match extrêmement difficile dont l'issue peut dépendre de petits détails. D'aucuns pensent que si l'Algérie bat l'Egypte, elle gagnera la CAN. Etes-vous du même avis ? Je crois que oui, j'en suis même persuadé. Je ne prédis pas l'avenir, mais je crois que si notre équipe élimine l'Egypte après avoir sorti l'autre grand favori de la CAN, à savoir la Côte d'Ivoire, la porte lui sera largement ouverte pour ramener le trophée en Algérie. C'est quelque chose que je vois très fort.