Décidément, le début de l'année 2010 aura été rythmé par des mouvements de protestation déclenchés à tour de rôle par les syndicats autonomes de différents secteurs. Le marasme social est ainsi bien transmis. L'érosion du pouvoir d'achat, la dégradation des conditions de travail sont autant de causes de l'explosion du front social. A tour de rôle, les syndicats expriment leur ras-le-bol. La protesta s'élargit comme une épidémie incontestable. D'abord, les travailleurs du secteur de l'éducation nationale, suivis par les praticiens de la santé publique et les paramédicaux, les travailleurs de la SNVI, les chauffeurs de taxi et bientôt les écoliers. Eux aussi ils veulent manifester leur mécontentement quant aux programmes imposés pour cette année scolaire, jugée condensée. Certains syndicats qui ont connu une certaine accalmie reviennent avec force et menacent de recourir à une action plus radicale, à l'exemple du CLA (Conseil des lycées d'Algérie), du Snapest (Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) et le Cnapest (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) qui annoncent une grève illimitée pour la mi-février. Ce rebondissement est plus que légitime, diront les syndicalistes, puisque «la tutelle n'a pas tenu ses promesses pour le règlement de leur principale doléance, portant sur le régime indemnitaire». Rappelons que les trois syndicats avaient gelé leur débrayage, après avoir conclu un accord avec le ministère de l'Education, qui avait promis d'élaborer le régime indemnitaire, dans les plus brefs délais. La tutelle a procédé, pour accélérer la procédure, à l'installation de commissions interministérielles, pour négocier la question mais sans inclure les personnes concernées. Pour l'intersyndicale des praticiens de la santé, le SNPSSP et le SNPSP, le débrayage entamé depuis près d'un mois ne sera pas suspendu tant que la tutelle n'aura pas pris en charge les revendications de cette corporation, qui s'articulent principalement autour du statut particulier et du régime indemnitaire. Un front social qui s'engouffre dans la contestation, alors que les pouvoirs publics affichent une indifférence absolue face au malaise des travailleurs du secteur public. Des séances de chimiothérapie ajournées Comme partout dans le monde, le football constitue la bouffée d'oxygène des populations les plus pauvres dans le monde. Les Algériens en font partie d'ailleurs. Tous les maux de la société sont mis de côté quand il s'agit du foot. La participation des Fennecs à la CAN 2010 a réussi, en effet, à arracher la vedette à tous les évènements qui ont eu lieu en parallèle, notamment les grèves cycliques entreprises par les syndicats autonomes. D'ailleurs, la paralysie des hôpitaux pendant près d'un mois n'a, manifestement, pas été ressentie, à l'exception des malades qui ont dénoncé le manque de prise en charge. C'est ainsi que le SOS lancé par les praticiens de la santé pour venir en aide au secteur «en danger» n'a pas eu d'écho. Résultat : le bras de fer entre la tutelle et le syndicat est maintenu et ce sont les malades qui payent les frais. Le constat est relevé lors d'une virée effectuée au centre hospitalo-universitaire Mustapha Pacha (Alger). Plusieurs interventions chirurgicales ont été reportées, même les plus urgentes. Les séances de chimiothérapie, très importantes pour les cancéreux, sont également ajournées. Les malades ne savent plus à quelle porte frapper. Ces personnes vulnérables font le déplacement, tous les jours, en espérant l'amélioration de leur situation. Doit-on s'attendre alors à une réaction de ces derniers dans les prochains jours ?