Au moment même où l'équipe nationale était engagée dans les matches de la CAN 2010 en Angola, le championnat national de football de la division 1 reprenait ses droits et entamait la phase retour de la saison en cours. Dans un total désintérêt tant il est vrai que les clubs algériens ne font plus recette depuis que les Verts se sont mis à aligner les exploits. Aujourd'hui que l'équipe nationale est au repos, il serait, peut-être, utile de se pencher sur ce que sont en train de faire nos clubs de notre prétendue élite du football. Pris dans la tourmente des résultats de l'équipe nationale, les gens ont oublié de se focaliser sur des problèmes, pourtant, cruciaux pour le devenir de cette discipline. Et quand cela ne va pas au niveau des clubs, c'est tout le système qui ne va pas. Les exploits des Verts n'ont pas à être mis au crédit d'une discipline dont on sait qu'elle a complètement failli dans des domaines aussi importants que la formation et le développement par la faute d'un laisser-aller coupable dans la gestion des clubs qui font du n'importe quoi. Des clubs dont on ne cesse de dire qu'ils manquent de moyens, certes, mais qui gagneraient à être dirigés par de véritables gestionnaires, des managers comme l'a si bien indiqué le communiqué du Conseil des ministres qui a débattu sur le football le 30 décembre 2009. En visite jeudi dernier à El Bayadh, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, a mis l'accent sur la nécessité de donner la priorité à la formation dans le football. Pour cela, il a assuré que l'Etat était prêt à aider les clubs à se doter de centres de formation. C'est bien, c'est même très bien, mais en réalité les clubs ont besoin plus que d'un centre de formation. C'est, en effet, l'acquisition d'un vrai centre sportif qui devrait être leur principal objectif. Par centre sportif, on entend un espace comprenant une base d'entraînement avec terrains revêtus en gazon naturel et en gazon artificiel, une salle omnisports, un centre de formation avec un maximum de moyens didactiques, un club house, etc. Il suffit de se baser sur ce qu'a réalisé l'ex-association sportive de la DNC ANP au Caroubier, dans la proche banlieue d'Alger, dans les années 70 et 80, pour se dire que c'est possible de le faire en Algérie. Au lieu de créer des dizaines de clubs sur ce modèle-là à cette époque, on s'est plutôt occupé à mettre cette association sportive au placard et à passer à un autre système avec des clubs «bouffeurs» d'argent, spécialisés dans les magouilles et les pratiques contraires à l'esprit sportif. Selon les dispositions de la Fifa, chaque club professionnel est tenu d'avoir une licence délivrée par sa fédération avant 2011. Sans cette licence, le club ne pourra prendre part à aucune compétition internationale. Chez nous, la démarche consistant à lancer le professionnalisme au sein des clubs semble avoir été ralentie. On n'a vraiment pas l'impression que les dirigeants de ces clubs se soucient du fait qu'ils vont devoir changer de statuts à leurs associations sportives. Dans les prévisions de la FAF, le lancement d'un championnat et d'une ligue professionnels à partir de la saison prochaine est toujours d'actualité. Cependant, vu le retard accusé par les clubs, il est fort possible que ces derniers soient lancés dans le bain sans répondre à toutes les exigences du cahier des charges. Pas tous les clubs bien sûr. Ne seront concernés par l'opération que ceux que la FAF jugera capables de s'ériger en entités à caractère commercial. Les autres continueront à activer avec leurs statuts actuels qui font d'eux des clubs amateurs. En dépit de l'attention particulière qu'il faudra accorder à l'équipe nationale dans les mois qui viennent, il faudra se pencher sur ce que font les clubs, car il s'agit là de la base de tout le système de notre football. Un travail que la FAF devra accentuer dans la perspective du lancement du professionnalisme que tout le monde réclame mais ne voit pas venir.