Dans cette compétition se sont dégagés les gâtés et les laissés-pour-compte. Le président de la Ligue nationale de football, M.Mohamed Mechrara, s'apprête à confectionner un nouveau calendrier, que l'on souhaite le dernier, du championnat de la division 1. C'est la cinquième fois, depuis le début de la saison en cours, qu'il agit en ce sens, prouvant en cela qu'il est difficile de tenir ses engagements. Les compétitions qui défilent nous ont amené à l'évidence que tant qu'il y a des clubs qui participent à des compétitions internationales, il est impossible d'avoir un championnat national régulier. Cela est dû, en grande partie, au fait que ce dernier chevauche les compétitions en question mais aussi parce que, très souvent, les clubs engagés bénéficient de largesses de la part de la ligue nationale qui leur permet d'espacer leurs rendez-vous officiels. Ce n'est pas propre à l'Algérie mais à tous les autres pays du continent, cependant, là-bas, le problème est moins crucial car les organisateurs savent se montrer plus rigoureux, surtout moins conciliants, avec les clubs engagés dans des compétitions internationales. Jusqu'à un passé récent, on se contentait, en Algérie, de gérer le championnat avec seulement deux, voire trois, clubs qui participent à des coupes d'Afrique. Cette saison, il a fallu composer avec six formations. L'an dernier il y en avait presque autant (5), mais on se souvient que très rapidement ce chiffre avait été revu à la baisse après l'élimination, d'entrée de jeu, du CRB de la coupe de la Confédération et du MCO de la coupe arabe. Dans cette même coupe arabe, le NAHD et l'USMB, contrairement au MCA, cette saison, n'avaient pu passer le cap de la phase de poules. Ces éliminations en série avaient décanté la situation et offert à la ligue nationale la possibilité de terminer le championnat dans des limites raisonnables. Ce qui risque de n'être pas le cas cette saison quand on sait que l'USM Alger doit encore disputer deux matches de repêchage (aller et retour) de la coupe de la Confédération et que l'équipe nationale a deux rendez-vous officiels en juin (Angola et Zimbabwe). Dans ce qui reste comme jours de compétition, la ligue nationale doit faire face à la programmation de cinq journées de championnat, de deux matches en retard de ce même championnat (USMA-MCA et CSC-MCO), d'un quart de finale de la coupe d'Algérie (MCO-USMAn) qui pourrait se jouer le 5 mai, des deux rencontres des demi-finales de la coupe d'Algérie enfin de la finale de celle-ci, le tout en slalomant entre les deux matches de l'équipe nationale (5 et 17 juin). Et dans le cas, fort probable d'ailleurs, d'une qualification de l'USMA à la phase de poules de la coupe de la Confédération, il faudra «emballer le tout» avant le 24 juin, lorsque débutera cette phase. Ajoutons qu'il est impératif que les quatre dernières journées du championnat puissent se dérouler sans aucun match en retard au compteur et l'on situera le véritable casse-tête auquel va se heurter le président de la ligue nationale pour mener à bon port sa barque. En tenant compte de tous ces paramètres et du fait qu'il paraît improbable que Ali Fergani, l'entraîneur national, libère les joueurs pour qu'ils jouent avec leurs clubs entre les deux matches de l'Angola et du Zimbabwe, on peut penser que la saison 2004-2005 est appelée à se prolonger jusqu'au mois de juillet, finale de coupe d'Algérie comprise. Et là, on voit la répercussion de la décision irréfléchie des présidents de clubs qui avaient demandé et obtenu que le championnat actuel débute, non pas le 10 août, mais le 31 août. Quelque part, tout le retard enregistré à ce jour est inhérent à ce report de trois semaines. Dans ce scénario, on remarquera qu'il y a les gâtés et les laissés-pour-compte. Lors de la phase aller du championnat, seules 5 journées n'avaient pu se dérouler d'un seul coup. Les 10 autres avaient pu se jouer sans aucune anicroche et sans renvoi de matches. La tendance s'est nettement renversée au retour où, en l'espace de 10 journées, nous en sommes à seulement quatre d'entre elles (la 17e, la 18e, la 22e et la 24e) à s'être jouées sans report de matches. Cela à cause des équipes qui disputent une compétition internationale que l'on pourrait qualifier de gâtés du groupe. Quant aux autres, ce sont les quantités négligeables, ceux qui n'ont pas droit à la parole. On veut parler, par exemple, du CABBA, du WAT, de l'OMR, de l'USMAn, pour ne citer que ceux-là. Des clubs à qui on ne demande pas leur avis mais qui participent pourtant au développement du football algérien. Des clubs qui, à cause des privilégiés, n'ont plus aucun point de repère en matière de plan de charge puisqu'ils jouent une fois par mois. Des clubs, enfin, dont les supporters n'ont que le football comme loisir, mais qui doivent attendre des jours et des jours avant de voir un match dans leurs villes respectives. Et avec tout cela, il faut se poser la question si la participation aux compétitions internationales de certains de nos clubs est d'un grande importance pour notre football. Bien sûr, ces derniers diront qu'il y a de l'argent à gagner, mais sert-il vraiment leurs intérêts ? On se permettra d'en douter, voyant de quelle manière sont traitées les jeunes catégories de ces mêmes clubs. Dans de telles conditions, on peut se demander s'il ne serait pas raisonnable d'envisager la réduction du nombre de clubs en division1. Continuer de la sorte serait proroger la vie du bricolage et de l'à-peu-près, surtout que l'on annonce, pour les saisons à venir, une coupe maghrébine des clubs, et surtout une coupe arabe des nations. Si la FAF ne prend pas de décisions rigoureuses en ce sens, l'avenir du championnat national va être plongé dans l'incertitude et le doute.