Ouvert hier au tribunal d'instance d'El Hadjar, le procès pour détournement de biens sociaux, faux et usage de faux, dans lequel sont impliqués pas moins de 7 membres de l'ex-Comité de participation d'ArcelorMittal Annaba, a été reporté au 2 mars pour plus d'éclaircissements, à la demande du juge. L'audience, qui a eu lieu sous haute surveillance sécuritaire, a failli dégénérer, à son début, après que les membres des familles des inculpés s'en soient pris aux actuels représentants des travailleurs, convoqués en qualité de partie civile, au moment où ces derniers franchissaient le seuil du palais de justice. Bien que copieusement injuriés et menacés publiquement par les proches de leurs anciens compagnons syndicalistes, Smaïn Kouadria et les membres en exercice du syndicat d'entreprise d'ArcelorMittal ont évité de réagir aux tentatives d'intimidation et ainsi éviter un affrontement avec ceux-là. Après lecture des actes d'accusation et audition des collectifs d'avocats, le juge chargé du dossier a demandé plus d'éclaircissements sur l'affaire et réclamé notamment la comparution à la barre des experts qui ont contribué à la constitution du dossier à charge des prévenus. Il a également été exigé la présentation au tribunal des fournisseurs et des prestataires de services accusés de connivence avec les ex-gestionnaires du fonds social et auxquels il est reproché, tout particulièrement, des surfacturations aberrantes et la perception indue de la taxe sur valeur ajoutée, alors que les transactions commerciales entrant dans le cadre des œuvres sociales des entreprises en sont légalement exonérées. Le magistrat a, par ailleurs, rejeté la demande de mise en liberté provisoire déposée par les avocats des 3 ex-membres du CP incarcérés, lesquels n'auraient pas bénéficié des mêmes mesures conservatoires de la part du parquet que leurs 4 autres coinculpés, tout autant concernés par la gestion du fonds social de l'entreprise. Rappelons à ce propos que ce sont quelque 5200 d'entre les 7200 travailleurs du complexe sidérurgique d'ArcelorMittal El Hadjar qui ont déposé plainte, en mai 2009, contre leurs représentants syndicaux de l'époque, pour dilapidation du fonds social de leur entreprise. Etayant leurs accusations par des documents comptables accablants, les signataires de la pétition ont même réussi à persuader le tribunal à déclencher une enquête sur la gestion des œuvres sociales de ArcelorMittal depuis la prise en main du complexe sidérurgique par le partenaire étranger Ispat en octobre 2001 à ce jour. Il ne fait aucun doute pour les observateurs locaux que de nombreux autres acteurs connus pour leur implication directe ou indirecte dans le développement de cette affaire scandaleuse devraient être inéluctablement cités lors des auditions prochaines. Ce qui suscitera plus l'intérêt de l'opinion publique et des travailleurs pour ce procès inédit.