Au moment où l'Office national des statistiques relève dans une enquête d'opinion «une baisse de la demande sur les matériaux de construction», les prix de ces derniers ne cessent de grimper. Une situation paradoxale qui s'explique par «la spéculation»qui touche le ciment qui a vu son prix, pour le sac de 50 kg, atteindre les 1000 DA. «C'est la première fois que le prix du ciment atteint un tel seuil», s'inquiète Amar Yahiaoui, vice-président de l'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA). Cet opérateur nous a confié que le ciment connaît une véritable crise pour la deuxième année consécutive. Malgré l'opération d'importation d'un million de tonnes de ce matériau, effective depuis le dernier trimestre 2009, le déséquilibre du marché s'aggrave davantage, laissant perplexes les entreprises du bâtiment qui n'arrivent plus à expliquer cette situation. Habituellement, les prix baissent en période hivernale, coïncidant avec le ralentissement des chantiers. Ce recul de la demande en ciment conjuguée à l'importation d'un million de tonnes de ce matériau devrait contribuer à ramener les prix à la baisse. Or, ces derniers ne font que grimper, note M. Yahiaoui, qui s'interroge sur les réelles raisons de cette excessive ascension des prix qui s'est élargie aux autres matériaux de construction tels que le cuivre, le rond à béton et le fer. Il dénonce, à cet égard, la spéculation qui est, de son avis, la seule explication de cette situation. Le vice-président de l'UGEA a relevé qu'un grand nombre des entreprises du bâtiment sont à l'arrêt en raison du manque de ciment sur le marché. A titre indicatif, certaines entreprises de la wilaya de Béchar ont vu leur demande refusée au niveau de la cimenterie de cette wilaya et ont été orientées vers les cimenteries des wilayas limitrophes. Amar Yahiaoui affirme que la demande en ciment et en matériaux de construction en général n'a pas baissé. Il contredit ainsi les résultats de l'enquête d'opinion réalisée par l'Office national des statistiques (ONS) auprès des chefs d'entreprises. Cette enquête indique que «l'activité industrielle dans le secteur des matériaux de construction s'est caractérisée, au 3e trimestre 2009, par une stagnation avec une baisse de la demande et une hausse des prix de vente». Plus loin, cette même enquête note que «plus de 52% des chefs d'entreprises ont déclaré que le degré de satisfaction des commandes de matières premières était inférieur à la demande». Parallèlement au recul de la demande, l'offre des matériaux de construction n'a pas régressé, selon l'ONS, qui avance que «les entreprises utilisent plus de 75% de leurs capacités de production». Ces entreprises, ajoute l'enquête, ne parviennent pas, par contre, à satisfaire la totalité des demandes, qui sont pourtant en repli. «Près de 85% des entreprises ont déclaré avoir satisfait toutes les commandes reçues et près de 88% déclarent avoir des stocks de produits fabriqués». Les prix grimpent,ceux du logement suivent A propos de la hausse des prix avancée par l'ONS, M. Yahiaoui l'a confirmé, souhaitant une intervention des pouvoirs publics pour freiner cette flambée qui s'est aggravée depuis plusieurs mois. Mais le plus inquiétant, de l'avis de ce professionnel, ce sont les retombées de ces augmentations sur le coût des constructions. A ce rythme, la crise du logement en Algérie ne sera pas résorbée. Pour apporter des réponses à cette équation difficile à résoudre, l'UGEA organisera, au cours du premier semestre 2010, «les assises nationales du bâtiment». Des propositions seront faites à cette occasion pour trouver des solutions aux difficultés rencontrées par les professionnels. Dans son enquête, l'ONS indiquera que «près de 68% du potentiel concerné ont enregistré des ruptures de stocks, conduisant à des arrêts de travail de moins de 10 jours». D'autres arrêts de travail ont été causés pour plus de 44% des entreprises par des pannes d'électricité, quoique inférieurs à 6 jours selon 85% des concernés. En raison de la vétusté et de la surexploitation des équipements «plus de 78% des entreprises ont enregistré des pannes d'équipements, entraînant des arrêts de travail inférieurs à 13 jours pour l'ensemble des concernés». En raison de conflits sociaux, 4% du potentiel de production ont connu des arrêts de travail, quoique inférieurs à 12 jours, selon les résultats de l'enquête.