«Les augmentations touchant les prix des matériaux de construction sont le fait des opérations de spéculation», estime le ministre de l'Habitat. L'Algérie semble irrémédiablement tomber dans les mains des spéculateurs. Aucun secteur n'est épargné. Celui du bâtiment n'est pas en reste. Les tarifs des matériaux de construction grimpent à leur tour. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Noureddine Moussa, après avoir observé une certaine réserve, sort de son silence. «Les augmentations touchant les prix des matériaux de construction sont le fait des opérations de spéculation», a-t-il soutenu mercredi, lors de la visite qu'il a effectuée à M'sila. Il a indiqué que le dossier relatif à cette question a été soumis à l'étude au niveau du gouvernement. Selon Noureddine Moussa, la situation du marché sera évaluée par le Conseil des ministres, lors de la réunion qui se tiendra cette semaine. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme a, en outre, indiqué que dans le cas où il y aurait «une légère augmentation, celle-ci sera prise en charge». Comment? La-dessus, M.Moussa a insisté «sur le contrôle et la rigueur pour dissuader toute spéculation». Des propos on ne peut plus paradoxal, notamment lorsqu'on prend en compte que les prix des matériaux de construction ont connu ces derniers temps une flambée vertigineuse. En l'espace de trois mois, les prix ont presque doublé. A se demander maintenant de quelle augmentation parle le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme. Quelle est la barre que les prix des matériaux de construction doivent atteindre pour qu'enfin, le gouvernement daigne lever le petit doigt et tenter d'agir afin de remédier à la situation? Et encore, de quelle manière Noureddine Moussa compte-t-il mettre le holà à cette situation devenue intenable? Ce sont là, en effet, autant d'interrogations que le simple citoyen, concerné par la question, se pose. A juste raison d'ailleurs, puisque les prix des matériaux de construction ne cessent d'augmenter. L'exemple des tarifs d'un quintal de ciment qui, au mois de janvier dernier était cédé à 600DA, se vend actuellement à 1000DA, illustre suffisamment la question. Le cas est le même pour les prix de l'acier qui ont atteint la barre de 8800DA le quintal. Revenant sur les prix du ciment, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme a souligné que la production nationale de ciment estimée annuellement à 16,5 millions tonnes, dont 12 millions produits par le secteur public et 4,5 millions par le privé «suffit pour concrétiser les projets en cours». Il faut dire, par ailleurs, que la flambée des prix des matériaux de construction ne va pas sans compromettre la réalisation de nombreux projets, notamment ceux prévus dans le secteur du Btph. Actuellement, plusieurs chantiers sont à l'arrêt, tandis que d'autres fonctionnent à 30% de leur capacité. Conséquence: un nombre considérable d'ouvriers dans le secteur du bâtiment ont été congédiés, et d'autres encourent le même risque. Selon les observateurs, cette situation aura des répercussions négatives sur le coût du logement. Pis encore, les différentes formules permettant au citoyen d'accéder au logement, telles que le LSP, risquent d'être compromises. De même, le projet du million de logements inscrit dans le programme du président de la République, l'autoroute Est-Ouest, le métro, les 13 barrages qui sont en cours de réalisation, sont autant de projets qui risquent de souffrir de cette hausse subite du prix des matériaux de construction.