Le texte de loi adopté par le Sénat français sur l'indemnisation des victimes des essais nucléaires réalisés par la France en Polynésie et en Algérie ne cesse de susciter des réactions. En en effet, le texte jugé pas convaincant est décrié du côté aussi bien algérien que français. Le sénateur de la Polynésie française, Richard Ariihau Tuheiava, invité à prendre part à une conférence internationale sur les effets des essais nucléaires français effectués en Algérie, a affirmé hier, selon l'APS, que le texte de loi adopté par le Sénat français sert «à donner bonne conscience» au gouvernement français en place. Intervenant en marge des travaux du colloque, le parlementaire français a expliqué que ce texte de loi «ne répond pas aux espérances des victimes encore vivantes, bien qu'il ait subi quelques modifications», en ajoutant qu' «il sert plutôt d'alibi au gouvernement français en place qui essaye d'une certaine manière de se donner bonne conscience». L'orateur a souligné que «compte tenu des attentes et besoins des victimes, ce texte ne répond pas aux exigences des associations». C'est dans ce contexte que le sénateur polynésien a noté que le texte de loi soulève un problème géographique qu'il a qualifié d'«absurde». Ce problème, selon lui, a été relégué au second plan dans le cadre du décret d'application de ce texte de loi, faisant en sorte que les zones de contamination identifiées ne couvrent pas l'ensemble de la Polynésie. «Ce texte de loi a ignoré des zones contaminées et signalées dans des rapports officiels, dont ceux du ministère de la Défense nationale», a-t-il ajouté. «Nous sommes en train de constater que des zones contaminées il y a 30 ans suite à 140 essais nucléaires ont été sélectionnées de manière à ce que des zones situées à 20 km ne soient pas traitées comme des zones concernées par l'indemnisation», a-t-il poursuivi. M. Tuheiava a estimé qu'il n'est pas trop tard pour remédier à cette situation, soulignant qu'il faut rester «hyperactif» dans le cadre de la promulgation du décret d'application qui est actuellement au niveau du Conseil d'Etat. Il a indiqué que ce texte ne peut être promulgué sans l'avis du gouvernement polynésien, estimant qu'«il faut agir à ce niveau». Il a relevé, en outre, que le texte de loi voté au Sénat «ne traite absolument pas des conséquences environnementales des essais nucléaires», précisant que «le seul aspect pris en charge est celui relatif aux effets sanitaires». «J'ai pour mission de déposer une proposition de loi d'ici au plus tard avril et ce genre de colloque peut contribuer à une action de ce genre», a-t-il encore indiqué. Il a expliqué, à ce propos, que ce projet de loi «traitera de la réhabilitation des zones contaminées et de la mise en place d'un dispositif de surveillance radioactif». Le sénateur polynésien a soulevé, en outre, le problème des enclaves polynésiennes, toujours mises sous l'autorité du ministère de la Défense française. Synthèse