L'Office national interprofessionnel du lait (Onil) devra combler les retards en matière de payement des subventions accordées par l'Etat aux éleveurs, collecteurs et transformateurs de lait. Un délai de trente-cinq jours, soit d'ici la fin du mois de mars, a été fixé. C'est là l'instruction du ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, qui intervient suite aux doléances des différents intervenants n'ayant pas reçu les primes de soutien depuis une période allant de 3 mois à 1 an. Ce retard est attribué au manque d'adaptation de l'office au nouveau système de paiement des primes mis en place depuis juillet 2009, ainsi qu'au nombre important des contrats signés avec l'Onil, se composant de 90 laiteries, intervenant dans la régulation du marché du lait pasteurisé en sachet, et 129 laiteries pour le développement du système d'intégration industrielle de la production nationale comprenant 650 collecteurs et 13 000 éleveurs. L'objectif était celui d'intégrer 20 000 éleveurs au dispositif. Ce retard de payement a découragé les intervenants qui ont pourtant intégré le programme de développement de la production nationale du lait et ont réussi à améliorer la production et la collecte. Selon un communiqué du ministère, la production de lait cru est passée de 2,23 milliards de litres en 2008 à 2,45 milliards de litres en 2009 alors que la collecte est passée de 218 millions de litres en 2008 à 314 millions de litres en 2009. Dans le souci de préserver les nouvelles réalisations de la filière, M. Benaïssa a indiqué, lors de la réunion de coordination sur la filière lait, qui s'est tenue lundi, avoir «donné instruction aux cadres de l'office de résorber les retards et résoudre cette situation d'ici fin mars». Il a fait savoir que la subvention accordée par l'Etat à cette filière stratégique a atteint 12 milliards DA en 2009, se répartissant à raison de 12 DA/litre à l'éleveur, de 5 DA/litre au collecteur et de 4 DA/litre à l'intégration du lait cru dans la production du lait en sachet subventionné à 25 DA/litre. Malgré les multiples contraintes, le chiffre d'affaires de la filière a été conséquent et a atteint 165 milliards DA, en plus de la création de 100 000 emplois permanents. Le niveau de la collecte a connu également une progression, a-t-il ajouté, évoquant, par la même occasion, l'importation par les éleveurs privés de 13 700 vaches laitières en 2009 contre 1200 en 2008, alors que près d'un millier de têtes ont été importées en janvier. La hausse de la production laitière et de la collecte ont eu comme répercussion un recul des importations de la poudre de lait effectuées par l'Onil (subventionnée) de l'ordre de 25 000 tonnes en 2009, indique le communiqué du ministère, précisant que les importations sont passées de 145 000 tonnes en 2008 à 120 000 tonnes en 2009. Dans l'objectif d'organiser davantage la filière, le ministre a appelé les laiteries à s'organiser en coopératives et de créer, à leur niveau, des conseillers techniques. Pour s'approcher des intervenants, il a proposé la création de six conseils interprofessionnels régionaux pour être des relais du Conseil national interprofessionnel du lait. Collecteurs et transformateurs mécontents De leur côté, les transformateurs réclament la révision à la hausse du prix plancher du litre de lait vendu par les éleveurs aux transformateurs. Ce prix, pour rappel, est fixé au niveau du Comité interprofessionnel du lait (CIL) à 30 DA le litre. Quant aux industriels, ils se considèrent lésés par ces prix du fait qu'ils sont tenus de vendre le litre de lait pasteurisé en sachet à 23,35 DA le litre, lequel est composé partiellement de la poudre subventionnée et du lait cru. En réponse à cette préoccupation, le ministre a indiqué que ce problème ne sera résolu qu'une fois la collecte soit plus importante, permettant d'assurer un approvisionnement permanent afin de permettre à l'Etat d'orienter le soutien accordé à la poudre aux transformateurs. Pour l'année 2010, il est attendu, grâce à la mobilisation grandissante des professionnels de cette filière, de renforcer la dynamique actuelle à travers l'amélioration des règles régissant le mode de fonctionnement du système de régulation de la filière et l'instauration d'un dispositif de soutien à la collecte.