Le règlement des subventions accordées par l'Etat aux éleveurs, collecteurs et transformateurs de lait accuse un énorme retard. Il devait intervenir à la mi-février, mais les intervenants n'ont rien reçu à ce jour. Il s'agit de primes octroyées à la production, la collecte et à la transformation, non perçues depuis le mois d'octobre 2009, de la part de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil). Cet organisme public a été chargé de la gestion de la subvention de l'Etat. En effet, c'est ce que nous avons appris hier de plusieurs professionnels de différentes wilayas du pays. Les transformateurs sont confrontés également au problème de disponibilité de la poudre de lait importée de l'étranger, a confié M. Serray, gérant de l'entreprise Mitidja Laitage, en activité dans la région de Boumerdès, ajoutant que c'est l'Onil qui est chargée, conformément à la convention signées avec les transformateurs, d'assurer les quantités nécessaires pour produire le lait pasteurisé. Cette perturbation a été à l'origine, selon lui, des pénuries de lait enregistrées depuis le mois de janvier dans les régions du centre. Selon M. Serray, l'Onil devra réceptionner d'importantes quantités de poudre de lait prochainement et a promis, en conséquence, d'améliorer l'approvisionnement des transformateurs. Ces derniers affirment travailler à un rythme inférieur aux capacités de production. Le transformateur de Boumerdès se plaint, par ailleurs, de «la mauvaise gestion au niveau de l'Onil». «A plusieurs reprises, on nous envoie vers des dépôts qui sont pourtant vides», a-t-il affirmé. Ces déplacements, a-t-il noté, reviennent cher à l'entreprise, se retrouvant à supporter des frais supplémentaires. «Les entreprises productrices de lait réalisent déjà de faibles gains. La prise en charge des problèmes de la filière permettra de sauvegarder des centaines d'emplois directs et indirects», a-t-il relevé, appelant à l'occasion l'Onil à alléger les procédures administratives. De son côté, Mohamed Sefari, propriétaire de l'entreprise Safilait à Constantine, a souhaité que l'Onil constitue un stock de plusieurs mois afin de parer au risque de pénurie de la matière première. «La constitution d'un stock stratégique est nécessaire», a-t-il préconisé, rappelant qu'auparavant les transformateurs recouraient au marché parallèle pour combler le déficit en poudre de lait. Mais à l'état actuel, ce n'est plus possible car, a-t-il expliqué, la poudre est cédée entre 240 et 250 DA/kg sur le marché parallèle contre 159 DA/kg au niveau de l'Onil». Pour le versement des subventions, notre interlocuteur a tenu à dire qu'«elles devaient se faire de manière régulière au 20e jour de chaque mois». Il reconnaît au passage que les premiers mois de la mise en œuvre du dispositif étaient une «réussite». Mais ce traitement n'a pas duré longtemps eu égard au retard accusé ces derniers mois. «On nous a versé, à présent, uniquement la subvention de novembre 2009. Pour le reste, on attend toujours», a-t-il précisé. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a instruit il y a quelques jours l'Onil de résorber les retards et de résoudre cette situation d'ici fin mars. La subvention accordée par l'Etat à cette filière considérée comme étant stratégique a atteint 12 milliards DA en 2009, se répartissant à raison de 12 DA/litre à l'éleveur, de 5 DA/litre au collecteur et de 4 DA/litre à l'intégration du lait cru dans la production du lait en sachet subventionné.