Même avec toute son ampleur, le complot de dizaines d'officiers de l'armée turque contre le gouvernement d'Erdogan ne réussira pas à faire de l'ombre aux affaires judiciaires dans lesquelles sont impliqués les plus hauts responsables de l'Etat hébreu. Netanyahu, Lieberman, Barak, Livni, Olmert, nul n'y échappe. A chacun d'eux son «point faible». Quand ce n'est pas la corruption et le blanchiment d'argent sale, ce sont les crimes de guerre et les assassinats ciblés qui couronnent leurs forfaits respectifs ou collectifs. Dans le désordre, Avigdor Lieberman, le chef de la diplomatie israélienne, mérite d'être cité en premier ne serait-ce parce qu'il vient de faire sensation avec sa tentative de bloquer une enquête de police sur son implication présumée dans une affaire de blanchiment d'argent via des sociétés écran. D'ici à ce que ce linge «propre» soit retiré de la lessiveuse, la presse israélienne n'aura pas à rouler ses crayons. «Dubaigate» est en train de prendre des proportions atterrantes pour Tel-Aviv, le chef de la police de l'émirat a présenté une demande au procureur général en vue de l'arrestation de Benjamin Netanyahu. Serait-il le 27e membre du commando, impliqué dans le meurtre d'El Mabhouh, le haut cadre du Hamas ? Il ne manquait plus que cela. Si l'émirat veut faire arrêter Netanyahu c'est par ce qu'il a été mis au parfum sur ce projet macabre. Il avait même souhaité bonne chance au chef du Mossad qui fait l'objet de la même demande d'arrestation. Disons-le tout de suite, les deux faucons de l'extrême droite israélienne ne seront jamais inquiétés. Moins encore, arrêtés, extradés et traînés devant les tribunaux, la tradition du deux poids, deux mesures en droit international veut que les Israéliens restent intouchables. Sinon, Ariel Sharon aurait été le premier à comparaître avec la blouse du boucher de Djénine. Ce qui laisse prédire qu'Ehud Barak et Tzipi Livni, accusés de crimes de guerre durant l'invasion de Ghaza, ne devraient pas avoir à affronter un jour les juges de la Cour pénale internationale. Faudrait-il d'abord que l'administration de Tel-Aviv puisse se décider à présenter à la commission Goldstone un rapport plus «potable» sur la manière dont a été conduite la guerre d'Olmert. Sauf que l'on ne demande pas à des faucons d'être de bonne foi quand la prétendue colombe centriste de Kadima, Tzipi Livni, défend bec et ongles l'élimination physique de ce qu'elle nomme «terroristes». Bien qu'ils ne soient pas obligés d'applaudir, les alliés de l'Etat hébreu sont priés de ne pas porter de critiques quand un chef du Hamas est assassiné dans un palace du Golfe. Ce que Livni semble ignorer c'est que ces mêmes alliés n'ont pas critiqué le meurtre d'El Mabhouh mais l'usage indélicat de passeports européens falsifiés, à mettre au dos de l'amateurisme déroutant du Mossad ? Car, après tout, les Européens n'ont pas levé le petit doigt quand Sharon initiait sa guerre chirurgicale contre les islamistes. Elle se poursuit loin du box des accusés.