Tzipi Livni, qui a raté de peu d´être le successeur d'Ehud Olmert à la tête du gouvernement israélien, cèdera bientôt sa place de ministre des Affaires étrangères au leader de l´extrême droite, Avigdor Lieberman, juif avant d´être russe, puis enfin farouchement israélien. Olmert, lui, cèdera le poste de Premier ministre à Benyamin Netanyahu,lui aussi juif avant d´avoir été américain, puis israélien et extrémiste, tout comme Lieberman. L´arrivéé de cette paire de terroristes notoires ne blanchit pas, il faut bien le souligner, les crimes contre l´humanité commis à Gaza et en d´autres points des territoires palestiniens par Livni, Olmert et autres Barak. Loin de là. A cette différence près que les pays occidentaux ont toujours vu dans l´équipe sortante «une volonté de dialogue» avec les Palestiniens après avoir enregistré leur engagement envers la «Feuille de route» qui projette la création de deux Etats, l´un palestinien et l´autre israélien côte à côte. Ces engagements, on le sait, ont été suivis par les agressions militaires et les crimes que l´on sait. Les témoignages sont venus, non pas encore d´une commission d´enquête sur ce qui s´est passé à Gaza, mais de soldats israéliens eux-mêmes dont certains ont voulu faire leur examen de conscience en avouant à l´opinion mondiale avoir été instruits de ne pas faire de quartier, une fois entrés dans les maisons arabes. Que fera le Tribunal pénal international qui s´est empressé de lancer un mandat d´arrêt international contre Omar El Bachir, sur la base d´accusations sans preuves pour crimes au Darfour, par certaines ONG ? La question est de savoir quelle attitude prendra l´Union européenne, et avec elle les pays occidentaux en général qui parlent d´une voix quand il s´agit du président soudanais et de classer Hamas – il faut bien le rappeler – comme «organisation terroriste». Hamas à la tête du gouvernement palestinien désigné par le président Mahmoud Abbas, pour avoir remporté les élections, ne sera jamais un interlocuteur pour l´Union européenne, ni pour les Etats-Unis, ni pour leurs amis occidentaux. L´aide aux Palestiniens sera coupée. Du chantage pur et simple par des pays qui ont toujours insisté sur le respect des urnes. De la volonté populaire. Avec la venue au pouvoir en Israël d´un Lieberman, les pays européens semblent quelque part pris dans leur propre jeu. Quelle sera la réponse de l´Union européenne, gênée, comme elle le montre, par l´émergence de l´extrême droite israélienne, celle qui refuse la «Feuille de route», la création des deux Etats, celle qui avait appelé à bombarder le barrage d´Assouan pour affamer les Egyptiens, celle enfin qui annonce haut et fort qu´elle réalisera tôt ou tard le rêve sioniste du «Eretz Israël» l´Israël biblique) ? Les ministres des Affaires étrangères des «2/2» les plus en vue, ceux de Paris, de Madrid ou du pays qui assure la présidence de l´Union européenne se sont entendus sur une «formule» et disent «accepter de dialoguer avec tous les gouvernements». Hormis celui de Haniyya, auraient-ils dû préciser pour être cohérents. Les Européens sont devant un choix difficile à assumer. Parce que leurs prochains interlocuteurs, si la coalition de droite -extrême droite se réalisait, comme cela semble être de plus en plus le cas, ne sont ni plus ni moins que des candidats au Tribunal pénal international, pour peu qu´un juge «consciencieux», comme celui qui a inculpé Omar El Bachir, jette un coup d'œil sur les actes de ceux qui ont gouverné par le crime contre l´humanité et ceux qui donneront des leçons dans ce domaine aux nazis eux-mêmes. Lieberman n´est pas un inconnu. Lorsqu´il avait émigré en Israël, en 1978, la devise de son mouvement raciste était «Le pouvoir pour nous occuper d´eux (les Arabes) ? Les Palestiniens ? Il faut les jeter à la mer morte» En 1980, il a abandonné ce mouvement classé comme «organisation terroriste». Voilà l´homme auquel les électeurs israéliens ont fait confiance pour être l´interlocuteur du quartet (Etats-Unis - ONU - Union européenne et Russie. De Lieberman, de Netanyahu, les Arabes n´attendent rien de bon. Le processus de paix n´a pas eu lieu avec Olmert et Livni, ni avec Barak, ce n´est pas avec cette paire de racistes qu´il verra le jour. Les Européens et les Américains peuvent-ils poser au futur gouvernement israélien la condition similaire qu´ils n´ont pas hésité à avancer comme préalable à tout contact avec Hamas : le refus de faire dans le terrorisme d´Etat et de reconnaître la création d´un Etat palestinien ? C´est peut-être trop leur demander.