Ni les menaces de radiation ni les ponctions sur salaire brandies par les pouvoirs publics à leur encontre, encore moins les appels à la sagesse et les condamnations de divers partis politiques et autres associations de parents d'élèves ne semblent persuader les deux syndicats grévistes Unpef et Cnapest d'abandonner leur mouvement de grève qui se poursuit pour la deuxième semaine consécutive. «Ce sera à la base de décider de l'arrêt ou non de la grève», disent les responsables syndicaux. Non satisfait de la revalorisation du régime indemnitaire qu'ils qualifient de «supercherie», le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) et l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) maintiennent leur grève d'une semaine reconductible, malgré les pressions subies de toutes parts, considérant que leur plateforme de revendications doit être satisfaite «en bloc». Le ministère de tutelle qui estime pour sa part avoir répondu «favorablement à la revendication salariale des enseignants», et après un premier recours à la justice qui a prononcé un jugement en référé ordonnant l'arrêt immédiat de la grève, passe à une autre étape. «Le ministère «instruit l'ensemble des chefs d'établissements scolaires de lancer, dès le 7 mars, la mise en œuvre des procédures réglementaires en vigueur en matière de relation de travail». Un ultimatum qui aboutira, si les enseignants persistent dans leur démarche, en plus du retrait automatique sur salaire de toutes les journées non travaillées, à leur radiation des effectifs de la Fonction publique. «C'est à la base de décider» Qu'en pensent les deux entités syndicales lorsqu'on sait que le ministère et le gouvernement ont également instruit les directions de l'éducation wilaya et la Fonction publique «de prospecter parmi les demandes d'emploi en vue de suppléer aux postes vacants» ? Comme tous les citoyens, c'est à travers la presse que nous avons appris la décision ordonnant le gel de la grève», se désole Amraoui Messaoud, chargé de la communication au sein de l'Unpef, qui réaffirme qu' «à ce jour, aucune notification ne nous est parvenue». Quid de l'ultimatum du ministère qui expire demain, au-delà duquel les enseignants «réfractaires» seront radiés ? «Nous tiendrons un Conseil national élargi au courant de cette semaine durant lequel sera décidée la suite à donner à notre mouvement», fait savoir M. Amraoui, affirmant que la décision revient aux enseignants réunis depuis jeudi jusqu'à aujourd'hui en conseil de wilaya et qui auront consigné leurs décisions dans des PV à remettre au conseil national. «C'est la base qui décide de la grève et elle est la seule habilitée à la suspendre», explique notre interlocuteur qui dénonce au passage le comportement de la tutelle dont «l'absence de volonté de répondre aux revendications légitimes des enseignants est criante». Le recrutement d'autres enseignants le cas échéant ne résoudra pas le problème, estime la même voix. Dans un communiqué que l'Unpef nous a transmis, elle tient à dénoncer «les menaces de la tutelle sur le secteur de l'éducation» et «éclairer l'opinion publique» sur la justesse de son action qui se déroule dans le respect des lois de la république, en premier lieu la constitution qui garantit le droit de grève. Même topo chez le Cnapest dont le coordinateur national, Nouar Larbi, dénonce lui aussi «le recours abusif du ministère aux tribunaux». Estimant que la grève est légitime, il considère que «l'action en justice ne résoudra pas le problème de l'école». Se défendant de vouloir «nuire» à la scolarité des enfants, Nouar Larbi affirme que les enseignants sont prêts à rattraper le retard «pour peu que les pouvoirs publics répondent à leurs revendications». En attendant, la grève se poursuit et chacune des deux parties campe sur ses positions. Qui des deux protagonistes aura le dernier mot ?